Le service civique risque d’être concurrencé par le futur service national
Alors que le service civique fête ses huit ans, un autre service, obligatoire celui-là, doit se mettre en place bientôt. Il s’agit du service national universel (SNU), une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Pour le chef de l’Etat, il faut « un temps de vie citoyen qui permette de recréer le creuset national ». En février, il a chargé un groupe de travail constitué de plusieurs personnalités qualifiées et animé par le général Daniel Ménaouine de lui faire des propositions pour la fin avril.
Le service national universel suscite encore de la méfiance chez les pionniers du service civique. Marie Trellu-Kahn, présidente de l’association Unis-Cité, qui a formé 20.000 volontaires depuis 1995, met en garde : « Il faut permettre à tous de rencontrer des jeunes d’autres milieux que le sien. Mais attention, car en dessous de six à huit mois, il est difficile de confier de vraies missions aux jeunes et d’avoir un impact sur leurs compétences ». L’armée elle-même n’est guère enthousiaste à l’idée d’accueillir et d’encadrer ces jeunes. Trop cher, trop compliqué à mettre en place, trop contraignant.
Le coût pourrait être ramené à 1 milliard d’euros
Néanmoins, le président de la République est déterminé à mettre en oeuvre sa promesse. Pour rester dans une enveloppe budgétaire raisonnable, le coût pourrait être ramené à 1 milliard d’euros, au lieu des 3 ou 4 milliards évoqués il y a quelques semaines encore. Avec cette somme, il faudra rémunérer l’encadrement (des militaires mais aussi des réservistes, des associatifs, des enseignants éventuellement).
Comment les deux services vont-ils s’articuler ? Tout au plus le chef de l’Etat a-t-il déclaré que la partie « obligatoire » du nouveau dispositif pourrait durer « autour d’un trimestre » et s’allonger s’il est adossé au service civique. La cible est la même : les jeunes entre 16 et 25 ans. Mais le service civique est volontaire, indemnisé comme un revenu de solidarité active, et dure huit mois ; le SNU sera massif (800.000 jeunes par an) et plus court.
Un volet « défense »
Le service national universel se distinguera par un volet « défense », qui passe par l’absorption de la Journée de défense citoyenne , obligatoire pour tous les jeunes. Cette dernière est utile pour repérer les cas d’illettrisme, mais elle est trop brève pour remplir ses nombreuses promesses : « C’est une illusion de croire qu’on peut f aire passer 15 messages différents en une seule journée, sur des sujets aussi divers que la sécurité routière, la prévention en santé, le don d’organes, la laïcité », estime un expert.
Le service sanitaire en santé , obligatoire pour 48.000 étudiants de la filière de soins dès la rentrée universitaire de septembre 2018, pourrait être une source d’inspiration. Sa formule sera flexible, trois mois à mi-temps, pouvant être concentrés sur six semaines à plein temps, ou éclaté au fil du temps. Une façon de s’adapter aux besoins du terrain et de limiter les coûts d’immersion.
Continuer à lire sur le site d’origine