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SNCF : les trois inconnues qui pourraient faire basculer la grève

· La grève illimitée prendra-t-elle le pas sur la grève à temps partiel ?

Les quatre syndicats représentatifs à la SNCF (CGT, Unsa, Sud et CFDT) s’efforcent d’afficher un front uni. Pourtant, il n’y a pas d’unanimité sur la stratégie. Sud-Rail a dès l’origine refusé de s’inscrire dans la logique de grève intermittente (deux jours d’arrêt de travail tous les cinq jours pendant trois mois) mise au point par les trois autres organisations, et prône une grève illimitée, plus classique.

Le syndicat a déposé son propre préavis, reconductible, ce qui ouvre la porte à une poursuite du mouvement le 5 avril, le 6, le 7, etc. Cette décision devant être actée, ou pas, lors des assemblées générales qui se tiendront mercredi 4 avril en fin de journée.

La tournure que prendront ces assemblées générales sera donc cruciale pour la suite. Sud-Rail va tenter de jouer sur la dynamique des deux premiers jours de grève pour amener un maximum de cheminots à rentrer dans un mouvement illimité, alors que la CGT, l’Unsa et la CFDT doivent convaincre leurs troupes de s’en tenir au plan initial.

La fédération CGT, dont les adhérents sont souvent proches de ceux de Sud sur le terrain, est particulièrement vigilante. « C’est l’inscription dans la durée de la mobilisation qui agite la direction et le gouvernement », rappelle régulièrement le syndicat dans ses tracts.

· L’encadrement restera-t-il solidaire des grévistes ?

Selon les chiffres communiqués par la direction,  17 % des cadres ont cessé le travail mardi . C’est nettement plus que lors des précédentes grandes grèves dans l’entreprise publique, en 2014 et 2016 par exemple. Mais cette proportion ne progresse pas par rapport au jeudi 22 mars, où seulement un syndicat appelait à cesser le travail. Par ailleurs, 40 % des agents de maîtrise étaient eux aussi en grève mardi.

L’évolution de ces chiffres sera scrutée à la loupe par la direction et le gouvernement. D’ordinaire dévoué et légitimiste,  l’encadrement a été exaspéré par le discours du gouvernement , jugé vexatoire et injuste pour les personnels. Cela a poussé une partie des membres à prendre fait et cause pour les opposants à la réforme. L’impact de la grève s’en trouve accru : les cadres formés à la conduite ou habilités à remplacer un contrôleur dans un TGV sont moins nombreux à se porter volontaires.

La direction espère que cette poussée de fièvre s’érodera au bout de quelques jours, lorsque les cadres estimeront que le message qu’ils souhaitaient envoyer à l’exécutif a été entendu. La situation serait plus périlleuse si leur mécontentement devait s’enkyster.

· Qui va gagner la bataille des réseaux sociaux ?

Depuis plusieurs jours, les joutes entre partisans et opposants de la réforme ferroviaire se sont transformées en foire d’empoigne. Les deux camps ont sonné la charge sur Twitter et Facebook, persuadés que le soutien de l’opinion se jouera en partie sur les réseaux sociaux. Ce week-end, les anti-réforme se passaient la consigne pour voter massivement aux consultations en ligne du type « soutenez-vous la grève des cheminots ? » lancées par certains médias. Ils se sont également échinés à populariser le hashtag #JeSoutiensLaGrèveDesCheminots, lancé pour fédérer les soutiens de tous horizons. Mais avec le début de la grève, ce sont surtout les récriminations des usagers, excédés par le manque de trains, qui risquent de dominer.

Vidéo – SNCF : tout comprendre à la grande grève du printemps


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