Macron ou le sifflet du chef de gare
Il y a des mercredis où l’on entend le sifflet du chef de gare. Emmanuel Macron n’a parlé que dans le huis clos du Conseil des ministres, mais le rappel à l’ordre a été entendu : le gouvernement est remonté dans le train. Edouard Philippe, qui avait envisagé de laisser Elisabeth Borne s’exprimer seule à l’Assemblée, mardi premier jour de grève, s’est finalement ravisé. Ce jeudi, il est l’invité de France Inter. Il annule ce week-end sa visite au Mali pour être présent sur le territoire au moment du deuxième round de grèves. La confiance affichée par l’exécutif sur la SNCF n’en était pas une : il vient de changer de stratégie.
Avec le Premier ministre, il y aura donc un portage politique de la réforme, et ce faisant, un nouveau partage des rôles. Edouard Philippe assume et explique, Elisabeth Borne négocie, les parlementaires construisent la loi , le chef de l’Etat reste en retrait, ne serait-ce que pour désamorcer d’éventuels risques de coagulation. Sur les hôpitaux et les Ehpad, il promet désormais « d’apporter des réponses adaptées à des demandes qui sont parfois légitimes ».
Pourquoi réformer la SNCF ?
Le message doit lui aussi changer. « On va enfin arrêter de dire ce que cette réforme n’est pas (pas une privatisation, pas la fin du statut pour les agents actuels, etc.) pour expliquer ce qu’elle est et ce qu’elle apportera aux usagers », espère un acteur du dossier. Et sur la forme, l’idée est de montrer de la fermeté sans humilier les opposants. « Calme et grande détermination », rapporte Benjamin Griveaux, « cette réforme n’est ni un symbole ni un trophée ». Tenir donc, tout en poursuivant le reste comme si de rien n’était. Edouard Philippe vient d’annoncer la réforme des institutions.
S’il est trop tôt pour mesurer l’efficacité de cette stratégie, les derniers jours ont montré une fragilité du dispositif majoritaire qui n’apparaissait pas jusqu’alors. « Edouard Philippe ne prend pas son risque », « il ne protège pas le président », « Elisabeth Borne a trop lâché aux syndicats et au mauvais moment », « le cheminot bashing, ça suffit pas pour démontrer que la réforme est nécessaire », entendait-on soudain chez nombre de poids lourds macroniens…, du moins jusqu’à ce fameux coup de sifflet.
VIDEO. Changer la SNCF : ce Graal de tout bon réformateur
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