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En pleine tourmente, Facebook passe finalement aux aveux

Facebook a visiblement enclenché l’opération « déminage », même s’il affirme que le scandale n’affecte pas ses revenus publicitaires. Empêtré depuis plus de deux semaines dans l’affaire Cambridge Analytica, Mark Zuckerberg joue désormais la carte de la transparence avant son audition devant le Congrès américain la semaine prochaine. Discret au début, c’est désormais tout l’état-major du groupe qui prend les devants en multipliant les aveux. Mercredi soir, Facebook avait déjà admis que le cabinet britannique au coeur du scandale avait pu accéder  aux données de 87 millions d’utilisateurs du réseau social. Un chiffre bien supérieur aux premières estimations, qui, jusqu’à présent, évaluaient le nombre de « victimes » à 50 millions.

Mais, cette fois-ci, Facebook a aussi reconnu que la quasi-totalité de ses 2 milliards d’utilisateurs était mécaniquement exposée à ce même risque. Notamment à cause d’une fonctionnalité qui permettait à un utilisateur d’entrer en contact avec un autre utilisateur, en tapant simplement l’e-mail ou le numéro de téléphone portable de la personne dans la barre de recherche.

Gagner en taille critique

Cette possibilité, censée faciliter la mise en relation (et qui a permis à Facebook de gagner en taille critique en augmentant sans cesse le nombre de ses utilisateurs) a cependant été utilisée par des « acteurs malveillants » et a donc été suspendue, a affirmé le groupe jeudi. « La majorité des personnes inscrites sur Facebook ont pu voir leur profil public aspiré de cette manière », a avoué la firme américaine, sans toutefois donner d’estimations plus précises quant au nombre d’internautes concernés.

Autre changement : les applications tierces, comme celle utilisée par Cambridge Analytica pour collecter les données à des fins politiques, n’auront plus accès à la liste des personnes participant à un « event » Facebook, ni aux individus qui font partie d’un groupe sur le réseau social. Les parties tierces souhaitant accéder aux publications et aux commentaires des pages Facebook d’une société devront par ailleurs être approuvées en amont par l’entreprise concernée.

Quant aux applications tierces offrant de se connecter à leur service via Facebook, elles sont les premières affectées et ne pourront plus connaître la religion ou l’emploi des utilisateurs, ni accéder aux vidéos qu’ils ont visionnées ou à leur liste d’amis. Cette modification a déjà fait une première victime : l’application de rencontres Tinder, à laquelle de nombreux utilisateurs se connectent en utilisant leur login Facebook. Mercredi après-midi, plusieurs internautes ont fait savoir qu’ils n’arrivaient plus à y accéder.

Réseaux alternatifs ?

Ces ajustements techniques permettent à Facebook de crever l’abcès. Mais ils ne laissent pas entrevoir un changement du modèle de Facebook, fondé sur la gratuité pour les utilisateurs, la monétisation étant assurée via le partage des données avec des applications tierces.  En 2014, soit dix ans après sa naissance, Facebook avait décidé de restreindre l’étendue des données auxquelles les développeurs de ces applis avaient accès, de peur qu’ils ne créent des réseaux sociaux concurrents. Sans aller au bout de sa démarche.

La crise actuelle de Facebook va-t-elle justement permettre l’essor des réseaux alternatifs restés jusqu’à présent confidentiels ? Dans la presse américaine, en tout cas, le débat monte. Pour Tim Wu, professeur de droit à l’université Columbia à New York, il faudrait même « remplacer » Facebook, sans attendre un changement de modèle ou de leadership – ce qui serait vain,  selon lui .

VIDEO. Facebook : 87 millions d’utilisateurs potentiellement touchés par l’affaire Cambridge Analytica


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