Fermentalg espère séduire à nouveau avec ses premiers oméga 3
La jeune société Fermentalg jouera très gros au mois de mai à Genève en présentant sur le Salon Vitafoods ses deux premiers produits commerciaux : des huiles riches en oméga 3 produites à partir de microalgues. Au sein de cette PME de 65 personnes, installée à Libourne, on devrait être tout sourire. La société vient d’obtenir la permission de distribuer ces produits, les DHA Origins 350 et DHA Origins 550, aux Etats-Unis pour des applications dédiées à l’alimentation humaine. Avec, à la clef un accord de distribution avec la société Stauber.
Fermentalg, créé fin 2009 par un ancien scientifique de l’Ifremer, vit pourtant une période compliquée. Des informations révélées par la revue « Sang-froid », reprises sur France Inter et dans le magazine « Capital », ont jeté la suspicion sur l’entreprise. Notamment sur des questions de propriété industrielle. A sa création, Fermentalg attaque le marché des microalgues. Très riches en huile et capables de se reproduire rapidement, elles laissent espérer des débouchés dans la nutrition, la santé mais surtout l’énergie avec la production de biocarburant. Le patron de l’époque, Pierre Calleja, promet des résultats dans les trois domaines.
Le CEA, les fonds Demeter et Emertec ainsi que l’industriel Sofiprotéol investissent. Tout comme la région Aquitaine. En 2013, bpifrance met à son tour 4,6 millions d’euros à l’occasion d’un nouveau tour de table de 12,6 millions d’euros. L’année suivante c’est l’introduction en Bourse avec une levée de 40 millions d’euros.
Les premiers grincements de dents surviennent en 2015. Fermentalg a abandonné le marché de l’énergie et ne produit toujours pas les oméga 3. Sofiprotéol, avec lequel Fermentalg s’était allié, jette l’éponge. Pierre Calleja est écarté et les investisseurs gèlent le projet d’usine. La région, engagée à hauteur de 1,4 million d’euros, suspend son aide.
Conflit entre dirigeants
Sans doute visionnaire mais entrepreneur discuté, Pierre Calleja s’est aussi révélé un directeur scientifique aux méthodes jugées contestables par certains. « J’ai un jour constaté que le mémorandum technique du brevet que l’on voulait déposer reprenait les expériences effectuées mais avec des données modifiées. J’ai refusé de le signer », assure ainsi une scientifique qui a quitté l’entreprise peu après.
L’entreprise subit aussi les conséquences du conflit entre la nomination en 2015 de l’ancien directeur financier Andrew Echatti au poste de Pierre Calleja. Le nouveau patron finit par être licencié un an plus tard pour faute grave avec plusieurs plaintes à son encontre. « Si j’ai un regret, c’est cette transition ratée », reconnaît un membre du board.
Accord industriel
L’entreprise, restructurée depuis 2016 par Philippe Lavielle, un vétéran de la biotech, garde aujourd’hui la confiance de ses actionnaires, qui ont réinvesti 12,6 millions d’euros en octobre dernier. « Fermentalg, qui a moins de dix ans, est sur le point de commercialiser ses premiers produits. C’est plutôt une bonne performance pour une biotech. Nous sommes, bien entendu, aux côtés de l’entreprise dans cette nouvelle phase », estime une porte-parole de bpifrance. Fermentalg a signé un important accord de trois ans avec un industriel japonais, DIC Corp., pour développer des pigments alimentaires. Ce dernier ayant investi 5 millions d’euros dans Fermentalg via des obligations convertibles en actions.
« Notre portefeuille compte 26 familles de brevets. Et si nous en avons abandonné quelques-uns, c’est uniquement lié à une politique de propriété industrielle dynamique et à notre recentrage sur la santé. Sinon croyez-vous que nous aurions pu lever 12,6 millions d’euros en septembre et signer un accord de partenariat avec un gros industriel japonais ? », questionne Philippe Lavielle.
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