Pourquoi la SNCF supprime des trains même les jours sans grève

La direction de la SNCF avait annoncé la couleur avant le début du conflit : la grève « à épisodes » lancée par la CGT, l’Unsa et la CFDT (des préavis de deux jours tous les 5 jours jusqu’à fin juin) pèsera sur le trafic, même lorsque les cheminots ne sont pas appelés à débrayer.
Cela se ressent à la reprise du travail : au sortir d’un mouvement de grève, les 15.000 trains qui circulent chaque jour, ainsi que les conducteurs, ne sont plus nécessairement positionnés là où le prévoit le plan de transport mis au point en début d’année. Il faut alors quelques heures pour aplanir ces difficultés .
Un planning désorganisé
Mais à plus long terme, la rafale de préavis déposée par les syndicats désorganise très sérieusement le planning de maintenance du matériel roulant, avec le risque de réduire au bout de quelques jours le nombre de trains en état de rouler.
Chaque jour, 10 % des rames passent par les ateliers de maintenance, pour des contrôles de routine ou des réparations plus sérieuses. A cela s’ajoute une charge de travail générée par le conflit lui-même : « Lorsqu’un train ne roule pas pendant au moins 24 heures, il faut s’assurer de son bon fonctionnement, explique la SNCF. Après une grève, des locomotives peuvent ainsi passer en révision avant d’être déclarées aptes à rouler. »
Conducteurs et aiguilleurs font défaut
Mais lors de la première séquence d’arrêt de travail, les 3 et 4 avril, aucune opération de révision n’a pu être effectuée, selon une source proche de la direction. D’abord parce qu’une bonne partie des agents chargés de la maintenance étaient en grève (43 % le 3 avril, 34 % le jour d’après).
Ensuite et surtout parce que les trains ne peuvent ni entrer ni sortir des ateliers. Il faut pour cela des conducteurs ainsi que des aiguilleurs pour orienter correctement les rames sur les voies. Or ces deux catégories de personnels sont très mobilisées. Le personnel non-gréviste est prioritairement affecté à la circulation des trains de voyageurs.
Conséquence, les opérations de maintenance ne se font pas et ce retard, s’il s’accumule, peut se faire très vite sentir sur le matériel roulant disponible. Avec le risque, faute de trains, de voir des circulations annulées les jours sans grève.
Stratégie préventive
Pour éviter ce scénario, la SNCF a choisi d’« adapter son plan de transport » de manière préventive, explique un cadre. Durant les trois jours sans grève, les 5, 6 et 7 avril, elle a discrètement supprimé un certain nombre de circulations, afin que le planning de maintenance puisse être à jour. Dans le contexte chahuté des grèves, cet écrêtage est passé relativement inaperçu. Il devrait être reconduit autant qu’il le faudra.
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