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Macron, la contre-offensive

Comment affronte-t-on un  conflit long et dur ? Par une contre-offensive rapide et dure. Voilà comment on  pourrait résumer le choix fait ce week-end par l’exécutif dans la crise de la SNCF. Il hausse le ton – « nous irons jusqu’au bout » , disent dans les mêmes termes Edouard Philippe (« le Parisien ») et Elisabeth Borne (« Sud-Ouest »)-. Il lance toutes ses forces d’un coup dans la bataille, Premier ministre, ministres dont Hulot, majorité (de Rugy), alliés (Bayrou). Emmanuel Macron lui même brûle ses vaisseaux en se mettant en première ligne ce jeudi dans le « 13 heures de TF1 ». Le deuxième round de grèves à peine amorcé, le chef de l’Etat joue le tout pour le tout.  Asphyxier le mouvement au plus vite. 

Stratégie risquée 

Risquée (que se passe-t-il si elle ne produit pas rapidement de résultats?), cette stratégie n’allait pas de soi. L’exécutif pouvait laisser pourrir, ou du moins « se purger » l’envie d’en découdre, défendaient certains. Macron en a décidé autrement, en s’appuyant sur deux petits points de faiblesse qu’il percevait chez l’adversaire. Le front syndical n’est pas uni, puisque Laurent Berger a  refusé l’idée « d’un conflit qui dure ». L’opinion n’a pas -encore- basculé dans le soutien massif au mouvement. L’idée d’une réforme de la SNCF et de l’ouverture à la concurrence restent même positivement perçues. Deux petits points de faiblesse ouvrent une brèche pour la  contre-offensive. Elle est lancée.

Elle l’est d’autant plus qu’Elisabeth Borne a d’abord donné l’impression inverse en concédant des ouvertures aux syndicats. « Ce lâchage a donné le sentiment que nous n’étions pas déterminés. Or c’est la détermination qui fabrique de l’adhésion », assure un proche du président. L’évacuation imminente de Notre-Dame-des-Landes devrait parfaire le portrait : Macron, président qui ne faiblit pas.

La partie est d’autant plus vitale que ne se joue pas seulement sa capacité à réformer pendant le reste du quinquennat. Il est mis à mal sur l’Europe. La CGT et Mélenchon le dépeignent en président contraint de se plier aux diktats de Bruxelles. Si les élections de 2019 sont pour lui stratégiques, alors impossible de laisser une nouvelle fois s’installer l’idée que l’Europe joue contre les intêrets du pays. Dans ce conflit, l’exécutif a aussi son slogan: « l’ouverture à la concurrence  est une chance pour la SNCF et pour les usagers ».  

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