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Coût du travail : l’effort de rattrapage de la France sur l’Allemagne touche à sa fin

Le travailleur français nettement plus cher que son homologue allemand ? Cette affirmation est en grande partie dépassée, comme le montrent les évolutions du coût de la main-d’oeuvre dans l’Union européenne et la zone euro compilées par Eurostat et dévoilée ce lundi.

Selon l’office statistique de l’Union européenne, le coût horaire de la main-d’oeuvre dans le secteur privé non agricole est ressorti à 36 euros dans l’Hexagone en 2017, contre 34,10 euros outre-Rhin. Soit un écart de 1,90 euro, le plus faible depuis 2012, année durant laquelle il était deux fois plus élevé.

De 42,50 euros à 4,90 euros

Même si elle est moins spectaculaire, la résorption de l’écart est aussi visible vis-à-vis de la moyenne de la zone euro. Mais parmi les Vingt-huit, seuls quatre pays sont plus onéreux que la France : la Suède, le Luxembourg, la Belgique et, sur la marche la plus élevée, le Danemark (42,50 euros de l’heure), la Bulgarie fermant la liste à 4,90 euros à l’autre bout de l’échelle.

« C’est vrai, l’écart avec l’Allemagne s’est resserré, mais il est fort probable que la France ne puisse pas aller au-delà », anticipe Denis Ferrand, directeur général de COE-Rexecode, un think tank proche du patronat.

De fait, la réduction de l’écart entre les deux pays a été tirée par celle qui est intervenue au niveau des charges annexes aux salaires et traitements, cotisations sociales principalement. Ces charges annexes pèsent bien davantage dans le coût horaire en France qu’en Allemagne (un peu moins d’un tiers contre un peu plus de 22 %). Mais quand les premières ont baissé de 0,8 % en moyenne par an depuis 2012, les secondes, elles, ont progressé de 2,7 %, selon COE-Rexecode.

Un effet CICE

C’est bien sûr l’effet du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), la mesure phare du quinquennat Hollande pour restaurer la compétitivité des entreprises. A l’inverse, salaires et traitements ont suivi des courbes relativement proches des deux côtés du Rhin sur les cinq dernières années.

Sauf que 2018 est bien partie pour marquer un point d’arrêt à ce rattrapage. En cause, la bascule de 7 % à 6 % de la masse salariale du taux du CICE inscrite dans le budget de cette année, pointe Denis Ferrand, sachant, par ailleurs, que le salaire moyen par tête est sous tension, du fait des difficultés de plus en plus palpables des entreprises à recruter.

Ce faisant, malgré des salaires moindres, le coût d’un travailleur français du secteur privé devrait rester supérieur à celui de son homologue allemand. Sauf dans l’industrie manufacturière où le coût du travail est inférieur en France, de 1,40 euros par heure, selon Eurostat. Ce qui n’empêche pas le « made in Deutschland » de dominer ses rivaux sur le Vieux continent.


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