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Ile-de-France : les pépites du jeu vidéo français en quête de coups de pouce

Un million d’euros. C’est le montant que vient de mettre sur la table la région Ile-de-France pour soutenir la fragile mais prometteuse filière des jeux vidéo sur son territoire. Les élus ont voté mi-mars le lancement d’un appel à projets destiné à soutenir les jeunes pousses dans leur processus de production. Les candidats ont jusqu’à fin avril pour présenter leur script au jury. «  Cette filière mérite d’être soutenue et reconnue : elle est créative, exporte, crée des emplois en CDI et est, à ce titre, un ascenseur social  », fait-on valoir au cabinet de la présidente Valérie Pécresse.

Selon l e baromètre 2017 du Syndicat national du jeu vidéo (SNJV), l’Ile-de-France est un poids lourd du secteur, avec 307 entreprises répertoriées, dont la moitié de développeurs. Loin devant la Nouvelle-Aquitaine (112), Auvergne-Rhône-Alpes (100), ou même l’Occitanie (88).

Rencontres professionnelles

Dans le sillage d’Ubisoft ou de l’éditeur Focus Home Interactive, des studios indépendants baptisés Quantic Dream, Dontnod, Cyanide ou Voodoo creusent leur sillon. «  Il y a beaucoup de jeunes studios dynamiques dans la région. Toute l’histoire du jeu vidéo français s’est construite autour de pôles régionaux. En Ile-de-France, cette émulation existe et il y a un développement endogène, les talents circulent entre les entreprises », note Julien Villedieu, le délégué général du SNJV. 

Cet écosystème se traduit déjà par l’existence d’un cluster de 85 adhérents, Capital Games, qui organise des rencontres professionnelles (Game Connection) en même temps que la Paris Games Week. Faut-il aller jusqu’à se grouper géographiquement pour « chasser en meute » ? Nombre de studios et d’éditeurs sont déjà dans l’est et le nord de Paris. Charenton-le-Pont, qui développe un projet immobilier ambitieux autour de ses friches, leur propose de rejoindre un espace dédié aux univers virtuels.

800 créations d’emplois par an

Si les professionnels sont partagés sur la nécessité de se concentrer, tous reconnaissent, comme Hélène Delay, la directrice générale de  Capital Games  que «  l’immobilier est un vrai sujet  »«  Les baux manquent de souplesse alors que nous fonctionnons par projets, avec des effectifs variables. En outre, les loyers sont élevés pour les budgets fragiles des jeunes entreprises  ».

La question financière reste un point noir, en Ile-de-France comme ailleurs. Les premières années sont difficiles : peu de sociétés ont accès à des financements privés et les levées de fonds sont rares. «  Le tissu français est très dynamique : la moitié des entreprises ont moins de cinq ans et créent 800 emplois par an. En revanche, nous avons une fragilité liée notamment à cette croissance hyper rapide  », note Julien Villedieu. Un tiers des entreprises du secteur étaient en déficit l’an passé, signe à la fois d’une volonté d’une prise de risque, et d’un passage délicat. En outre, des tensions sociales ont éclaté dans certains studios franciliens.

Conscients du potentiel et des difficultés, Etat et collectivités se retroussent les manches. En sus du crédit d’impôt rehaussé depuis  les Hauts-de-France et la Nouvelle-Aquitaine ont mis la main au portefeuille. L’Ile-de-France entre dans la danse avec une enveloppe modeste (150.000 euros de plafond), conditionné à une production locale, mais susceptible de gonfler. De l’avis des professionnels, elle a aussi le mérite de couvrir d’autres aspects  que la seule création(marketing…). Une nécessité dans un secteur en pleine désintermédiation.

Tout comme l’est celle de compléter le maillage de financements. Un rapport parlementaire est en cours d’élaboration. De leur côté, Capital Games, le SNJV, avec l’Etat et BNP Paribas réfléchissent à la création d’un fonds dédié. «  Les succès commerciaux sont là, et avec la réforme du crédit d’impôt il est vraiment intéressant d’investir  », argue Helène Delay. Capital Games rêve de convaincre les professionnels de changer leur modus operandi en investissant plutôt dans la production de jeux que dans le capital de la société. Le groupe de travail publiera cet été les résultats d’une grande enquête lancée auprès des professionnels pour évaluer la rentabilité des projets français et faire remonter leurs besoins.

La région a également prévu de financer un tournoi d’e-sport en novembre. Mais ce dernier est organisé par le privé (Webedia), ce qui fait couler beaucoup d’encre.


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