L’insertion professionnelle des jeunes s’est beaucoup dégradée en vingt ans
Un accès au marché du travail de plus en plus difficile mais une confiance dans l’avenir qui va crescendo. L’Insee dresse un panorama paradoxal de l’insertion professionnelle des jeunes dans une des études de l’édition 2018 de sa collection « Formations et emploi » publiée ce mardi.
Pour cela, l’étude a comparé la situation des jeunes entre 1992 à 2010, cinq ans après leur entrée dans la vie active. Il en ressort une nette détérioration de l’accès à l’emploi. Ainsi, la part des jeunes qui restent durablement en emploi via des contrats à durée limitée payés au-dessus de 110 % du SMIC (soit deux tiers du revenu médian) n’a pas diminué, contrairement à celle des jeunes qui ont décroché un CDI sans trop tarder.
L’origine sociale plus discriminante
A cela des raisons conjoncturelles et structurelles qui ont fortement impacté les peu ou pas diplômés : près de la moitié d’entre eux sont au chômage ou inactif cinq ans après leur sortie du système scolaire, contre moins d’un sur dix pour les diplômés du supérieur. « Cet écart, massif, a doublé en comparaison de celui qui prévalait pour les générations arrivées sur le marché du travail en 1992 ou en 1998 », souligne l’auteure de l’étude, Virginie Mora, du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq).
Pour ne rien arranger, à l’instar du diplôme, l’origine sociale (fils ou fille d’ouvrier versus fils ou fille de cadre) est « elle aussi devenue plus discriminante qu’auparavant. »
Un effet d’accoutumance
Et pourtant, malgré cette dégradation manifeste, les jeunes d’aujourd’hui se déclarent à la fois plus satisfaits de leurs parcours et bien moins inquiets par rapport à leur avenir. Qu’ils soient au chômage ou qu’ils occupent un emploi, quelle que soit la nature de cet emploi. A cela, l’étude apporte deux explications possibles.
Primo, un effet d’accoutumance. « Les jeunes de la génération 1992 ont, pour beaucoup, assisté au développement du chômage et des formes particulières d’emploi pendant l’enfance ou les études, quand, pour la génération 2010, ces éléments ont, d’une certaine façon, toujours fait partie du paysage », avance Virginie Mora. Secundo, par effet générationnel lié à « l’émergence d’un autre rapport au temps, plus détaché des difficultés passées ou présentes que ce n’était le cas il y a deux décennies. »
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