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Ce qu’il faut retenir de l’interview de Macron sur TF1

Alors que le gouvernement est exposé à nombre de dossiers explosifs –  grève à la SNCFblocage des universitésévacuation de Notre-Dame-des-Landes … – l’heure est à l’explication pour Emmanuel Macron à l’occasion d’ une double contre-attaque médiatique . Ce jeudi dans le « 13 Heures » de TF1 puis dimanche soir sur BFM et Mediapart.

Dans un cadre inédit – l’école primaire de Berd’huis, un village rural de l’Orne -, le chef de l’Etat a répondu pendant un peu plus d’une heure aux questions de  Jean-Pierre Pernaut et a réagi à une série de reportages et témoignages.

Le chef de l’Etat, qui a tenté de faire preuve de pédagogie pour expliquer une politique de réformes tous azimuts, a dit qu’il entendait « bien sûr » les critiques mais jugé nécessaire de mener les réformes qui n’ont selon lui pas été faites « depuis 30 ans ». Depuis mai 2017, « beaucoup de chemin a été parcouru, beaucoup de choses ont été faites, mais nous devons faire encore immensément », a-t-il poursuivi, ajoutant qu’il faudrait continuer au même rythme.

– Emmanuel Macron a affiché sa détermination sur la réforme de la SNCF et a appelé les syndicats au « calme ». La dette sera reprise « pour partie » et «progressivement ».

– Emmanuel Macron a annoncé la suppression du forfait social sur l’intéressement pour toutes les entreprises de moins de 250 salariés à compter du 1er janvier 2019.

– Emmanuel Macron fera « à l’été » des annonces, pour mettre « plus de moyens dans l’hôpital ».

– La France a la preuve que le régime syrien a eu recours à l’arme chimique à Douma, dans la Ghouta orientale, et décidera d’une action militaire, en coordination avec les Etats-Unis, une fois que toutes les informations auront été vérifiées.

VIDEO Les phrases chocs de Macron au JT de TF1

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Retrouvez ci-dessous les principales déclarations du chef de l’Etat : 

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14 h 15 : Sur son mandat :

La cérémonie au Louvre dans la foulée de sa victoire au second tour de la présidentielle le 7 mai 2017, a été « un moment de fierté et de joie », « un moment qui oblige », explique Emmanuel Macron. « Je l’ai eu en tête dès les premières secondes », dit-il. « Les difficultés ne m’arrêtent pas. Je ne suis pas naïf, je les avais préméditées… Le fait qu’il y ait des gens pas contents, je le comprends. Le fait qu’il y ait des peurs, je le respecte », poursuit-il. 

« Depuis ce moment là beaucoup de chemin a été parcouru, beaucoup de choses ont été faites. Nous avons immensément à faire, car notre pays doit reconstruire les cinquante prochaines années de progrès », déclare aussi le chef de l’Etat, qui explique : « Nous allons continuer sur l’école, sur le travail, sur le service national, lutter contre ce fondamentalisme, avoir une Europe qui protège et qui porte les ambitions de la France ». « Nous allons continuer parce que le monde s’accélère et parce que notre pays doit pouvoir choisir son destin et vivre mieux », conclut-il.

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14 h 10 : sur Notre-Dame-des-Landes, sur les universités

« Nous avons annoncé  en janvier que l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ne sera pas fait et que l’ordre républicain sera rétabli. Les gens qui aujourd’hui manifestent sont présents et créent du trouble. Ils occupent illégalement des territoires publics. Ils n’ont plus de raison de le faire, car il n’y aura pas d’aéroport », déclare le chef de l’Etat, alors que le gouvernement a entamé ce lundi  une opération massive d’expulsions des occupants illégaux de la ZAD.

Interrogé également sur  la grogne étudiante , Emmanuel Macron estime qu’« il y a très peu d’universités occupées ». « Dans beaucoup d’universités occupées, ce ne sont pas des étudiants, mais des professionnels du désordre qui doivent comprendre que nous sommes dans un Etat d’ordre », insiste-t-il. « Les étudiants doivent comprendre, s’ils veulent leurs examens, qu’ils doivent les réviser, car il n’y aura pas d’examens en chocolat dans la République », prévient-il.

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14 h 05 : Sur les entreprises

« On va baisser l’impôt sur les sociétés, dès le 1er janvier prochain », rappelle Emmanuel Macron. « On a remis de la confiance. Il y a un cap. Je sais où je veux emmener le pays. Ce cap crée de la confiance, donc [les entrepreneurs] réinvestissent, et donc ils embauchent. Les gens disent qu’ils ont de moins en moins peur d’embaucher. Je veux surtout que ce redémarrage, les salariés en profitent », explique-t-il.

« Quand ça va mieux, tout le monde doit pouvoir en profiter et tout le monde doit aider à réorganiser quand ça va mal », dit-il. Il annonce que « toutes les entreprises jusqu’à 250 salariés pourront distribuer de l’intéressement, il n’y aura plus aucune charge et impôts. Au 1er janvier prochain, dans toutes les entreprises jusqu’à 250 salariés il n’y aura plus aucune charge sur l’intéressement qui est distribué ». « C’est ça, l’entreprise. Quand ça va moins bien, c’est l’affaire de tout le monde, et quand ça va mieux, tout le monde doit en bénéficier, c’est ça, la collectivité », dit-il.

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14  heures : sur la vitesse à 80 km/h

Interrogé sur la décision du gouvernement d’ abaisser à 80 km/h la vitesse maximale autorisée sur les 400.000 kilomètres de routes à double sens sans séparateur central (terre-plein, glissière), Emmanuel Macron promet de mettre l’argent prélevé « sur les hôpitaux qui soignent les blessés de la route » et de rendre « transparent les résultats ». « Si ça ne marche pas et bien on ne continuera pas », dit-il, alors que le gouvernement a prévu de faire un bilan de la mesure au bout de deux ans. 

« On va le faire (…) pour essayer de faire baisser drastiquement le chiffre de la mortalité routière qui a augmenté ces dernières années. C’est une décision un peu impopulaire, j’en prends la responsabilité », dit-il. Et de lancer : « Il faut relativiser : vous allez prendre deux minutes de plus avec la baisse à 80 km/h, cela ne change pas grand-chose… ».

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13 h 55 : Sur la ruralité

«Il n’y a pas une fracture entre une France des villes et une France des champs », déclare le chef de l’Etat. Et de poursuivre : « Il y a une France des métropoles où en effet on vit bien. Juste à côté d’elle, il y a une France des quartiers qui vit très difficilement, qui s’est un peu ghettoïsée parce que c’est notre politique de logement qui l’a faite. Il y a ensuite une France des villes périphériques qui, elle, est inquiète et qui vit mal. Il y a une France rurale qui perd des habitants mais aussi une France rurale qui gagne des habitants qui va bien. Tout ça pour vous dire que c’est plus compliqué que l’image caricaturale opposant ville et champs. »

« On n’abandonne pas du tout la ruralité, ce n’est pas vrai. Toutes les communes rurales, leurs dotations ne baissent pas d’un centime », dit-il.

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13 h 53 : Sur le terrorisme :

« Il faut faire attention à ce qu’on appelle « salafiste » car il n’y a pas de définition juridique », explique Emmanuel Macron. « Il y a des mosquées où des gens prêchent des choses qui ne sont pas conformes aux lois de la République et conduisent à la violence, celles-ci seront fermées, j’ai pris des engagements et nous avons fait voter une loi » à l’automne dernier, ‘ » « elle le prévoit explicitement », rappelle-t-il.

« On lutte contre le salafisme, l’extrémisme, le fondamentalisme religieux, là-dessus je veux être très clair : c’est un problème dans notre pays. Mais il ne faut pas confondre ce problème avec tous nos concitoyens qui croient dans l’islam, ce serait une erreur profonde et c’est l’erreur que certains veulent nous conduire à faire », insiste-t-il. « Je veux que le financement étranger soit organisé sous contrôle de l’Etat et transparent, je ne veux plus de mosquée qui s’ouvre avec des financements cachés ».

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13 h 50 : Sur les finances publiques

« Si on a de l’argent en plus, je préfère l’investir, dans l’agriculture bio par exemple », explique Emmanuel Macron, interrogé sur une éventuelle cagnotte budgétaire. « Mais je ne vais pas dilapider mes recettes. Le coeur de la bataille pour moi, c’est le travail. On ne changera pas le pays du jour au lendemain, mais regardez tout ce qu’on a fait depuis un an. On ne peut plus attendre. »

« Mon objectif, ce n’est pas seulement le pouvoir d’achat de la semaine. Je demande de la patience aux Français. L’objectif, c’est le mérite, le travail, et que le travail paye mieux dans notre pays. », dit-il.

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13 h 45 : Sur la taxe d’habitation

« J’ai lancé un programme de modernisation de notre fiscalité locale. Mais pas d’impôts nouveaux. », explique le chef de l’Etat, interrogé sur les finances des collectivités locales. « Sur la taxe d’habitation, je n’ai aucun regret, c’est l’impôt le plus injuste qui soit, généralement plus élevé dans les villes moyennes et aussi bien les petites villes que les grandes villes. », dit-il.  Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron a promis, comme mesure fiscale pour les classes populaires et moyennes, d’exonérer de la taxe d’habitation 80% des foyers. Cette exonération se fera par étapes, en trois fois : un tiers en 2018, puis de nouveau un tiers en 2019, et enfin suppression en 2020. 

« Il y a déjà un tiers de la population qui est exonérée de la taxe d’habitation. Et c’est compensé par l’Etat à l’euro près. C’est faux de dire qu’une commune perdra de l’argent. Les économies de l’Etat serviront à payer les communes pour compenser », insiste Emmanuel Macron. « Ce que je veux faire comprendre sur la taxe d’habitation, c’est que ce que nos concitoyens ne payeront pas, c’est l’Etat qui le prendra en charge. » 

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13 h 37 : la demi-part fiscale « des veuves »

La demi-part fiscale « des veuves » ne sera pas rétablie, annonce Emmanuel Macron. « Je pense que ce n’est pas la bonne chose », justifie-t-il.

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13 h 35 : La hausse de la CSG

Après un reportage montrant des retraités mécontents de la hausse de la CSG, Jean-Pierre Pernaut demande à Emmanuel Macron ce que ça lui fait d’être considéré comme « le président des riches » ? « Vous ne m’avez jamais entendu tenir des propos de mépris. J’ai demandé un effort aux personnes retraitées – une partie d’entre elles, les 60 % qui payent CSG au taux normal. D’abord, je leur dis merci et je leur explique pourquoi je leur ai demandé cet effort. Cet effort je l’ai annoncé en campagne, en décembre 2016. J’ai dit ce qu’on allait faire. Je veux qu’on replace tout ça dans le cadre de notre système de solidarité auquel on tient tant. »

« Je n’ai jamais pris un retraité pour un portefeuille », dit-il.

« Je demande [aux retraités] qui le veulent de travailler à la remise en marche de la France », déclare le chef de l’Etat. Evoquant par exemple l’école, via les devoirs faits en classe.

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13 h 25 : La situation dans les hôpitaux, les Ehpad

« Il y a une situation de très grand stress, quand les urgences sont saturées », explique Emmanuel Macron, interrogé sur la situation dans les hôpitaux. « On va mettre plus de moyens dans l’hôpital », annonce-t-il. « Il faut un système où on ne paye pas à l’acte » mais via « un parcours de soins ». « Il faut réorganiser le système de soins », insiste-t-il. Il promet qu’il fera « à l’été » des annonces.

Sur les Ehpad, « on va ouvrir ce chantier, c’est une transformation profonde (…) On sera au rendez-vous, on va changer les choses », assure le chef de l’Etat.

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13 h 20 : La grève à la SNCF

Interrogé sur la grève des cheminots, la grogne des usagers qui monte, Emmanuel Macron explique « [savoir] les difficultés, notamment en région parisienne ». « Il y a des entreprises qui risquent de déposer le bilan », alerte-t-il.

« Oui [nous allons] aller au bout, car il faut faire cette réforme », assure-t-il. « On a besoin d’un chemin de fer français fort : la réforme va le renforcer ». « Ce sera une entreprise qui restera publique »… « une entreprise à capitaux à 100 % publics », insiste-t-il. « L’Etat va faire des efforts et va investir ». « La dette de la SNCF sera pour partie progressivement reprise à mesure que la réforme de l’entreprise se fait », dit-il aussi.

« N’ayez pas de craintes illégitimes », lance-t-il aux cheminots. « Je les appelle plutôt au calme en leur disant que je les ai entendus mais que la bonne réponse, ce n’est pas d’arrêter de faire la réforme, c’est de la faire ensemble. », dit-il encore.

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13 h 10 : « Je fais ce que je dis »

Emmanuel Macron réagit à un reportage où des habitants des Hauts-de-France expliquent ce qu’ils pensent du président. « J’entends, j’écoute […]. Il y a des inquiétudes, elles sont légitimes […]. Beaucoup de choses se sont passées depuis un an. Le monde va trop vite et notre pays n’avait pas fait ce qu’il fallait faire depuis longtemps. La France est une maison, les progrès qu’on a connus pendant les Trente Glorieuses se sont arrêtés, mais pourquoi ? Les fondamentaux ont changé. »

Il assure être « au contact » des Français et insiste : « Je veux changer beaucoup de choses et pour moi, il n’a pas de répit ». « Je fais ce que je dis, peut-être qu’on n’était plus habitué », lance-t-il.

« Il faut que les bases soient solides pour que la maison tienne, que les règles soient respectées. La base de notre pays c’est l’école. »

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13 heures : L’émission commence par la situation en Syrie

L’émission commence par la situation Syrie. « Oui » des armes chimiques ont été utilisées par le régime de bachar al assad, déclare le chef de l’Etat. « Nous en avons la preuve […] Nous aurons des décisions à prendre » au moment le « plus utile et efficace », prévient-il. « En aucun cas la France laissera une escalade se faire », dit-il Emmanuel Macron.

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12 h 50 : Quelques manifestants

Quelques dizaines de manifestants, dont des cheminots et des agriculteurs, étaient maintenus à distance du village, dont les accès étaient strictement limités, selon l’AFP.

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12 h 20 : bain de foule

Arrivé vers 12h20 au Berd’huis, Emmanuel Macron a salué quelques habitants, avant de rejoindre l’école, où sera réalisée l’interview.

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12 h 15 : le choix stratégique du « 13 Heures » de TF1

Depuis 1995, aucun président de la République ne s’était invité à un « 13 Heures ». Véritable institution médiatique, le journal de Jean-Pierre Pernaut sur TF1, qu’il présente depuis 30 ans exactement, écrase la concurrence en attirant en moyenne 5,3 millions de téléspectateurs chaque jour. Soit près d’un téléspectateur sur deux. Très axé sur la France rurale, ce journal télévisé est principalement suivi par les retraités, les personnes rentrant chez elles pour déjeuner et les habitants des zones rurales. Un public stratégique pour Emmanuel Macron.

Selon un récent  sondage de l’institut Elabe pour « Les Echos » et Radio classique, la cote de confiance d’Emmanuel Macron recule à la fois dans les classes populaires, où elle n’est plus que de 27 %, et dans les classes moyennes (-6 points à 41 %), alors que parallèlement elle progresse chez les cadres.

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12 heures : Berd’huis, un village rural

A l’occasion de l’interview d’Emmanuel Macron, le « 13 Heures » de TF1 est délocalisé dans l’école primaire d’un petit village normand, Berd’huis, dans l’Orne, à 150 kilomètres à l’ouest de Paris. Dans cette commune de 1.100 habitants, Marine Le Pen a réalisé 30 % au premier tour de la présidentielle. Près de 200 voix sur un peu plus de 600 suffrages exprimés. Avec 20 % des voix, Emmanuel Macron était arrivé en troisième position, derrière François Fillon (21,9 %).

Pour en savoir plus :

VIDEO L’intégralité de l’interview :


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