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Eolien en mer : la Start up Nénuphar en liquidation

« Nous sommes un dommage collatéral d’Areva. Nos brevets seront valorisés par le commissaire-priseur… » Frédéric Silvert, cofondateur de Nénuphar, ne cache pas son amertume. La société qu’il avait créée en 2009 avec Charles Smadja vient d’être placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Lille Métropole. Les 27 ingénieurs maison (les effectifs sont montés jusqu’à près de 50) seront licenciés.

Axe de rotation vertical

Implanté sur le campus de l’Institut Pasteur à Lille, Nénuphar avait inventé une machine flottante à axe de rotation vertical, capable de produire de l’électricité en pleine mer, y compris par grands fonds. Une technologie alternative aux éoliennes à axe horizontal ancrées dans le sol.

L’entreprise avait attiré plusieurs investisseurs d’envergure, ID Invest d’abord, suivi en 2014 du fonds sectoriel de bpifrance Ecotechnologies, et d’Areva, à l’époque où le groupe nucléaire avait entamé une diversification dans l’éolien. Nénuphar aura ainsi levé 18,7 millions d’euros. Mais cette signature qui devait être un levier pour l’entreprise, avec un plan d’investissement qui se voulait « bien ficelé », est devenue un boulet, qui a gelé dès 2015 tous les projets.

Prototypes terrestre et offshore

La société avait mis au point un premier prototype terrestre en 2011, suivi en 2015 de son grand frère offshore à Fos-sur-Mer, de 50 mètres de diamètre, présenté alors comme la plus grosse éolienne à axe vertical au monde.

La technologie apparaissait vertueuse avec un bel avenir commercial : des pales légères et peu coûteuses à la fabrication, une grande résistance aux vents extrêmes et à la gîte en mer, une maintenance très facilitée (par remorquage), entre autres. Et Nénuphar a poursuivi ses développements en inventant le calage vertical des pales, une première mondiale, et en concevant une technologie de pales contrarotatives couplées sur un même flotteur, supposées doper le rendement de conversion. « Il nous fallait un client pilote. Nous n’avons pas réussi à remplacer Areva », déplore Frédéric Silvert qui souligne aussi les retards de la commande publique sur les fermes offshore. Le marché mondial lui-même décolle beaucoup moins vite que prévu. 

La France a affecté six parcs éoliens entre 2012 et 2014, mais aucun n’est en activité. Et l’Union européenne, en modifiant les règles du rachat de l’électricité renouvelable sur une base variable, a généré une instabilité sur le modèle économique du secteur, analyse une source proche du dossier .


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