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AlterEgo, le casque capable de vous entendre penser

A première vue, ce drôle de dispositif à accrocher à son oreille et le long de sa mâchoire fait penser à un kit main-libre d’un nouveau genre. Il s’agit en fait d’un appareil capable de « lire dans les pensées » et de contrôler un ordinateur à distance.

Développé par Arnav Kapur, un étudiant diplômé du  Massachusetts Institute of Technology (MIT) Media Lab, le casque AlterEGo retranscrit les mots que son utilisateur « verbalise » dans sa tête, sans que celui-ci ne les dise à haute voix.

Pour cela, quatre électrodes placées sur l’appareil détectent les signaux neuromusculaires de la mâchoire et du visage, déclenchés par la verbalisation interne. En clair, lorsque l’on « se parle dans sa tête », des impulsions électriques se produisent à la surface de la peau. Indétectables par l’oeil humain, ces signaux sont repérés par le dispositif, puis transmis à une Intelligence Artificielle (IA) entraînée à associer certains signaux à des mots particuliers.

92 % de réussite

« Rappelez-vous quand vous avez appris à lire. Au début, vous prononciez les mots à haute voix, puis vous avez appris à les exprimer intérieurement et silencieusement […] Parler silencieusement est un effort conscient pour dire un mot, caractérisé par des mouvements subtils des organes liés à la parole », explique le MIT sur son site. « Ce processus entraîne des signaux de votre cerveau vers vos muscles qui sont captés comme des signaux neuromusculaires et traités par notre appareil ».

Les chercheurs ont testé leur prototype sur 10 sujets, qui ont chacun passé environ 15 minutes à adapter l’application à leur propre « neuropsychologie » puis 90 minutes à l’utiliser pour effectuer des calculs. Dans cette expérience, le système avait une précision de transcription moyenne d’environ 92 %. D’après Arnav Kapur, plus le système sera utilisé, plus il gagnera en précision.

Choisir un film « par télépathie »

Les capacités de l’AlterEgo ouvrent de multiples perspectives. Lors des expériences du MIT, le casque a aidé les utilisateurs à résoudre des problèmes de calcul ou leur a donné l’heure grâce à une « demande silencieuse ».

Dans une vidéo où il porte lui-même son prototype, Arnav Kapur montre qu’il peut naviguer à distance sur une plate-forme de streaming comme Netflix, ou enregistrer automatiquement le prix des produits qu’il choisit dans un magasin.

Dans sa version finale, l’appareil pourrait permettre de communiquer avec les assistants connectés  qui débarquent en ce moment sur le marché, tels que l’enceinte Alexa d’Amazon ou Google Assistant.

Des applications professionnelles ?

Cette capacité à « lire dans les pensées » pourrait toutefois constituer un frein à l’heure où le public s’inquiète des atteintes à la protection des données personnelles. Sur son site, le MIT tient d’avance à rassurer sur cette question : « Le système n’a aucun accès direct à l’activité cérébrale et ne peut donc pas lire les pensées d’un utilisateur. […] Il lit uniquement les mots délibérément prononcés silencieusement ».

Porter un dispositif aussi contraignant et peu esthétique sur le visage pourrait également refroidir les ardeurs des potentiels intéressés, comme cela avait été le cas pour les Google Glass, dont  la version grand public avait été abandonnée en 2015.

Toutefois – et tout comme les  Google Glass, qui se sont réorientées vers les besoins des entreprises – AlterEgo pourrait s’avérer utile pour les professionnels évoluant dans des environnements bruyants, suggère Thad Starner, professeur au Georgia Tech’s College of Computing. « Par exemple, le contrôle des avions sur le tarmac à l’aéroport, des endroits avec beaucoup de machines, comme une centrale électrique », propose-t-il. L’expert, qui a travaillé sur les Google Glass, cite également les métiers où l’on porte des masques de protection comme pilote de chasse ou pompier.


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