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Ce qu’il faut retenir de l’interview télévisée d’Emmanuel Macron

Après avoir répondu aux questions de Jean-Pierre Pernaut jeudi dans une école de l’Orne , Emmanuel Macron poursuivait son offensive médiatique ce dimanche soir depuis le Théâtre national de Chaillot à Paris. Face à Jean-Jacques Bourdin (RMC/BFMTV) et Edwy Plenel (Mediapart), le président de la République a défendu son action, presque un an après son entrée à l’Elysée.

Deux jours après les  frappes ordonnées contre le régime de Bachar Al Assad , Emmanuel Macron a affirmé que cette intervention était « légitime » et a pointé la responsabilité de la Russie. Sur le plan national, il est revenu sur la réforme de la SNCF, qu’il compte mener à son terme, et a détaillé les contours de la future réforme sur la santé. Lors d’échanges parfois tendus avec Edwy Plenel, il a refusé l’idée d’une « coagulation des mécontentements » en faisant un distinguo entre les différents mouvements sociaux qui agitent l’actualité.

– Selon Emmanuel Macron, les frappes menées contre le régime de Bachar Al Assad sont « légitimes ». Il ajoute que la Russie « est complice » de l’utilisation d’armes chimiques.

– Comme annoncé jeudi, l’Etat reprendra la dette de la SNCF, mais ce sera à partir de 2020 et de façon « progressive ».

– Le président annoncera « fin mai début juin » des « décisions précises » pour améliorer le système de santé. Il juge « intéressante » l’idée d’une deuxième journée de solidarité pour les personnes âgées.

– Sur la fiscalité, Emmanuel Macron a admis que « rien n’est décidé » sur la taxe foncière mais a assuré qu’« il n’y aura pas de création d’un nouvel impôt. Ni local, ni national ».

Les temps forts de l’interview de Macron face à Bourdin et Plenel

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Retrouvez ci-dessous les principales déclarations du chef de l’Etat :

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23h00 : Macron « croit en une Europe souveraine »

Sur l’Europe, Emmanuel Macron a alerté sur « une montée des démocraties ‘illibérales’ » : « Moi, je vois en Europe en quelque sorte des démocraties où les peuples se sont installés dans une fatigue. Des démocraties qui s’habituent à la faiblesse, aux inégalités, aux colères… », détaille le président, faisant notamment allusion au président hongrois Viktor Orban avec qui il dit « ne rien avoir en commun ».

Le chef de l’Etat rejette toute faiblesse face à la montée des mouvements populistes. « Je pense qu’on peut être démocrate et fort, entendre les colères et avoir le courage de mener ses réformes jusqu’au bout. Je crois dans une Europe souveraine, je crois dans la souveraineté de notre pays sur les sujets qui dépendent d’elles : l’immigration, l’évasion fiscale… Mais je crois aussi à une souveraineté européenne », a-t-il détaillé.

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22h45 : Port du voile en sortie scolaire : Macron contredit Blanquer

Interpellé sur les propos de son ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer, qui avait affirmé que les mères accompagnatrices en sorties scolaires ne devraient pas porter le voile, Emmanuel Macron ne s’est pas rangé à l’avis de son ministre : « C’est son avis personnel », lance-t-il.

« Je pense que nous devons collectivement être intelligents. Si c’est dans un cadre à côté de l’école, elles sont citoyennes, la société, elle, n’est pas laïque et doit leur permettre de porter leur voile », détaille le président de la République.

Un avis partagé par sa secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa sur Twitter :

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22h35 : Contestation dans les universités : des « professionnels du désordre »

Interrogé sur les mouvements étudiants qui perturbent les cours dans plusieurs universités du pays, Emmanuel Macron a fait un parallèle avec Notre-Dames-des-Landes en évoquant des « professionnels du désordre ».

« Ce que je constate, c’est que dans toutes les universités aujourd’hui où il y a des amphis paralysés, des violences parfois au demeurant inadmissibles, les étudiants sont bien souvent minoritaires, ce sont des groupes qui ne sont pas des groupes étudiants qui viennent et ce sont ceux dont j’ai dit qu’ils étaient des professionnels du désordre », a déclaré le chef de l’Etat.

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22h20 : Sur l’opération d’évacuation de Notre-Dames-des-Landes

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22h05 : l’Etat reprendra la dette de la SNCF dès 2020

Concernant la dette de 47 milliards d’euros qui plombe l’avenir de SNCF Réseau, Emmanuel Macron a confirmé que l’Etat allait la reprendre « progressivement, à partir du 1er janvier 2020 ».

Tout en démentant une nouvelle fois vouloir privatiser la SNCF, le président de la République a ensuite défendu sa réforme : « Nous sommes face à une SNCF qui est 30 % moins performante que ses homologues européens. L’Etat n’a pas sous-investi, mais a parfois mal investi. Le but, c’est d’avoir une SNCF plus forte qui rend de meilleurs services. L’usager a fait ses efforts, il a payé son billet plus cher ».

Interrogé sur le statut des cheminots , le chef de l’Etat est resté ferme : « Jamais je n’ai dit ou laissé dire que la situation de la SNCF était de la faute des cheminots. Ils font tourner la SNCF. Je les respecte et je les comprends. Mais est-ce que je peux faire l’économie de cette réforme ? Non. »

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21h50 : Des mesures pour la santé « fin mai, début juin »

Sur l’hôpital, Emmanuel Macron dit qu’il annoncera « fin mai début juin » des « décisions précises » pour améliorer le système de santé : « Ce à quoi nous assistons aujourd’hui c’est le fruit de plusieurs décennies de défaillances de l’Etat », lâche-t-il, tout en promettant qu’« il n’y aura pas d’économies sur l’hôpital durant son quinquennat ».

Selon lui, cette réforme de la santé passe par une réorganisation des hôpitaux, un allégement de la bureaucratie, la fin de la tarification à l’activité et la responsabilisation accrue du personnel soignant, pour lequel il a une pensée : « Ce qu’ils vivent est insupportable. On ne peut pas les laisser comme ça ».

Interrogé sur la situation dans les Ephad, Emmanuel Macron s’est montré favorable à l’idée d’ une deuxième journée de solidarité pour financer l’accueil des personnes âgées. « C’est une piste intéressante », a-t-il dit. Pour la première fois, il évoque aussi la possibilité d’un « cinquième risque » qui serait pris en charge par la Sécurité sociale. Une façon d’adapter notre protection sociale au vieillissement de la population.

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21h40 : « Il n’y aura pas de création d’un nouvel impôt »

Interrogé sur la fiscalité, Emmanuel Macron admet que « rien n’est décidé » sur la taxe foncière mais qu’il souhaite « refondre en profondeur » la fiscalité locale. « On va recomposer la fiscalité locale pour la répartir entre les communes, les départements et les régions, sans qu’il y ait d’augmentation. On va déjà supprimer la taxe d’habitation pour la France des villes moyennes et des petites villes, car c’est là où elle est la plus élevée », a détaillé le chef de l’Etat avant d’assurer qu’« il n’y aura pas de création d’un nouvel impôt. Ni local, ni national ».

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21h30 : Macron « assume totalement » la réforme de l’ISF

Emmanuel Macron justifie sa réforme de l’ISF par une nécessité de stimuler l’économie française. « Ce que nous avons fait sur l’ISF, ce ne sont pas des cadeaux, ce sont des mesures que j’assume totalement parce qu’elles nous permettent de conserver les talents et de financer notre économie avec des capitaux français », détaille-t-il avant d’ajouter : « On me dit, ‘vous êtes le président des riches’, mais je suis le président de tous les Français ».

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21h20 : passe d’armes électrique sur la fraude fiscale

Edwy Plenel évoque le « verrou de Bercy » , ce monopole du ministère du Budget sur les décisions de poursuites judiciaires en matière de fraude fiscale. « Seulement 20 % des cas de fraudes fiscales le plus importants sont transmis à la justice à cause de ce verrou », lance le journaliste avant de citer l’exemple de l’entreprise de luxe française Kering, ciblée par une enquête fiscale en Italie et non en France. « Le président de la République, pas plus qu’un ministre, ne donne pas d’instruction pour lancer un contrôle fiscal. Si je le faisais, vous me le reprocheriez », s’agace le président.

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21h05 : « Il n’y a pas de coagulation des mécontentements »

Retour à l’actualité nationale. Edwy Plenel évoque une convergence des mécontentements en France. Une question qui irrite Emmanuel Macron : « J’entends les colères mais il n’y a pas de coagulation des mécontentements. Il y a des colères légitimes, elles correspondent à des réformes en cours. C’est le cas des cheminots », dit-il, répétant que la réforme de la SNCF ira « jusqu’à son terme ».

Il cite ensuite l’exemple des militants de Notre-Dame-des-Landes : « Cette colère-là n’est pas légitime. C’est la colère de gens qui ne respectent plus l’ordre républicain », affirme-t-il avant de lancer à Edwy Plenel : « Je n’aime pas la malhonnêteté intellectuelle ».

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20h55 : la Russie « complice » de l’emploi d’armes chimiques

« La Russie est complice de l’emploi d’armes chimiques en Syrie », a affirmé le président de la République, tout en précisant qu’il avait prévenu Vladimir Poutine lors de sa visite en France en mai 2017 que l’utilisation d’armes chimiques constituerait une « ligne rouge ». Il confirme toutefois sa visite à Saint-Petersbourg au mois de mai. « Nous parlons avec tout le monde parce que c’est la condition pour construire la paix », justifie-t-il.

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20h45 : sur les frappes en Syrie

Premier sujet de cette interview, les frappes de l’armée française en Syrie : « Nous avons obtenu par nos services et les services de nos alliés des preuves que des armes chimiques avaient été utilisées. Nous avons eu l’affirmation que ces armes au chlore pouvaient être attribuées au régime syrien. Nous avons réussi l’opération sur le plan militaire », détaille le président de la République.

Alerté sur le fait que ces frappes ont eu lieu sans l’aval des Nations unies, il se défend : « Notre intervention est légitime et s’est déroulée dans le cadre de la communauté internationale ».

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19h30 : le plateau est prêt…

Après une école d’un petit village de l’Orne jeudi, Emmanuel Macron change de décor pour cette nouvelle interview. Le président de la République fera face à Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel depuis une salle du Théâtre national de Chaillot, sur la place du Trocadéro à Paris.


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