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La Suisse croule sous les excédents budgétaires

« Le chiffre peut paraître martien pour beaucoup d’autres pays : la Suisse boucle son budget avec 9 milliards de francs suisses d’excédents (NDLR: 7,5 milliards d’euros). Il comprend les performances des entreprises publiques de la Confédération. Il n’en est pas moins spectaculaire ». Voilà comment Darius Rochebin, présentateur du journal télévisé du soir de la RTS, le service public en français, a annoncé ce chiffre record à plus d’un titre. Par son amélioration : +3,8 milliards par rapport à 2016 ; et par sa constance : il faut remonter au début des années 2000 pour trouver un budget en déficit.

En 2017,  tous les indicateurs sont au vert . Le budget fédéral est boosté par des revenus fiscaux en forte hausse (+3,3 milliards), les entreprises publiques ont, tout confondu, enregistré un bénéfice de 2,6 milliards. Idem pour les assurances sociales. « 2,6 milliards, c’est un montant près de deux fois supérieur à celui de l’année précédente. La progression est liée aux rendements des placements des fonds de compensation », explique le ministère des Finances.

Système de frein à l’endettement

« Ces performances découlent de deux facteurs, l’un est mécanique, l’autre moral, analyse l’économiste Charles Wyplosz. En 2003, la Suisse a mis en place  un système de frein à l’endettement qui impose au gouvernement l’équilibre budgétaire au long terme. C’est intelligent et cela a même été copié par les Allemands. Le problème c’est que la règle est interprétée de façon asymétrique qui pousse au surplus. Et puis en Suisse, surtout côté allémanique, l’opinion dominante c’est : la dette, c’est mal. En Allemand, on utilise le même mot pour dire dette et culpabilité… »

Une dette très faible

Fort de ces performances, le Conseil Fédéral s’emploie depuis des années à réduire la dette suisse, qui représente aujourd’hui 29,2 % du PIB, contre 68 % en Allemagne, ou 96 % en France. Trop bas, estime Charles Wyplosz : « Quand on peut emprunter comme aujourd’hui à taux négatif, ça n’a pas de sens de ne pas en profiter. Et puis une place financière doit avoir un niveau certain de dette afin d’assurer un marché suffisamment liquide. Pour les investisseurs, la Suisse a besoin d’actifs sûrs, dont de la dette publique ».

Redistribuer

A gauche, la cause est entendue. Il faut investir et redistribuer. « Economiser, c’est nécessaire, mais vient un moment où ça ne fait plus sens. Il faut investir pour faire tourner l’économie dans les infrastructures, la formation professionnelle, le système de retraite », réclame la députée socialiste Ursula Schneider Schüttel. D’autres réclament plus d’argent pour le secteur social, à l’heure où  le nombre de travailleurs pauvres augmente et où 7,5 % de la population vit avec moins de 2.247 francs par mois, soit le seuil de la pauvreté pour une personne seule dans ce pays au coût de la vie astronomique. Mais la droite est hostile à tout assouplissement. Cette année, 3 milliards seront consacrés à la réduction de la dette.


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