Les dessous des Invalides se prêtent à toutes les audaces

Dans quelques jours, les sous-sols de l’esplanade des Invalides se prêteront au jeu des propositions les plus farfelues. Trois ou quatre équipes d’urbanistes seront retenues pour réinventer ce site exceptionnel, situé entre l’Hôtel des Invalides et les berges de Seine, dans le 7^e arrondissement de Paris. Le lauréat final sera choisi dans quelques mois. « Il y a le banc et l’arrière banc des architectes et des urbanistes, confie Jean-Louis Missika, chargé de l’urbanisme à la Ville de Paris. C‘est un des plus beaux sites de l’appel à projets Réinventons Paris 2 ».

Les dessous des Invalides recèlent des trésors de foncier jamais vraiment exploités. L’esplanade, vestige de l’Exposition universelle de 1900, est la propriété de la Ville de Paris, une petite partie appartenant à la SNCF.

Un site classé

L’aérogare, le site emblématique occupé par Air France, se dresse en bordure des pelouses. Il se déploie sur 3.800 mètres carrés répartis en trois niveaux (un sous-sol, un rez-de-chaussée et un étage). La compagnie aérienne doit quitter les lieux en 2022 pour s’installer dans le nouveau siège de Roissy-CDG. Alors que faire de ce site classé et protégé ? Une des idées est d’augmenter les ouvertures à la lumière du jour comme c’était vraisemblablement le cas pendant l’Exposition universelle.

Mais l’essentiel se passe en dessous. L’espace souterrain, situé en partie sous dalle, entre la rue Fabert et l’aérogare des Invalides, totalise 18.000 mètres carrés. Il est accessible aux véhicules par deux rampes. Et concentre un patchwork de services divers. Dans le cahier des charges de l’appel à projets, « certaines activités de la ville et installations de la SNCF seront nécessairement maintenues dans cet espace ». C’est le cas du commissariat de police, qui sera gardé ainsi que la déchetterie. Mais on y trouve aussi un stockage des barrières Vauban, un vague gymnase, la cantine du ministère des Affaires étrangères… et au bout, le restaurant « Chez Françoise », fréquenté par tous les hommes politiques.

Risque inondation

Le projet d’aménagement a nécessité un travail de longue haleine. « Il a fallu d’abord retrouver le cadastre, car on ne savait pas quelle partie appartenait à qui », explique Jean-Louis Missika. Une série d’études techniques ont été réalisées. Car la partie n’est pas simple. La zone est soumise au risque inondation et de constructibilité faible. Impossible d’y faire naître des logements ou un hôtel.

Mais aujourd’hui, de nombreuses possibilités, infinies, se dessinent. Pourquoi ne pas installer un restaurant ? Des activités culturelles -un musée -, commerciales, ou sportives ? « La partie la plus complexe sera le respect du patrimoine, les quatre colonnes cannelées qui soutiennent la gare en sous-sol sont de type Eiffel, et il n’est pas question de les remplacer », donne en exemple l’élu parisien. La Ville n’a pas encore défini si elle vendra ou louera son emprise sous la forme d’un bail emphytéotique.

Calendrier spécifique

Les Invalides font partie des 33 sites en sous-sol livrés à l’imagination des urbanistes dans le cadre de l’appel à projets « Réinventer Paris II ». Le défi est ici encore plus audacieux qu’ailleurs. Le site a d’ailleurs été exclu du calendrier en raison de son caractère exceptionnel.

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