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Divergence des luttes

Ce devait être une démonstration de force ; ce fut plutôt un aveu de faiblesse. La CGT, qui avait appelé ce jeudi à une grande journée de « mobilisation nationale » contre la politique du gouvernement et pour la défense du pouvoir d’achat, n’a pas déplacé les foules. A peine 5.700 manifestants à Marseille et 15.300 à Paris, selon le comptage indépendant réalisé par Occurrence pour différents médias, dont « Les Echos ».

Malgré le mécontentement de nombreux salariés et les conflits sociaux en cours, la « convergence des luttes » qu’appelle de ses voeux Philippe Martinez, le rugueux patron de la CGT, se fait toujours attendre. La centrale de Montreuil était encore bien seule dans la rue ce jeudi, tous les syndicats, hormis Solidaires, ayant refusé de se joindre aux cortèges. Parce que cette « mobilisation » avait été décrétée unilatéralement par la CGT, en pleines vacances scolaires qui plus est. Et parce que les syndicats réformistes ne croient pas à la « convergence des luttes ».

« Démarche politique »

« C’est plus une démarche politique, qui n’est pas la nôtre, qu’une démarche syndicale », a asséné ce jeudi Laurent Berger, le numéro un de la CFDT, sur Public Sénat. Cela « ne fonctionne pas ». Et d’adresser dans la foulée à Philippe Martinez une fin de non-recevoir à son appel à défiler la main dans la main le 1er mai.

Pascal Pavageau, qui va prendre la tête de Force ouvrière la semaine prochaine, est un peu mieux disposé à l’égard du patron de la CGT, n’hésitant pas à parler d’« unité d’action ». Mais il n’entend pas pour autant se rallier à celui-ci : l’échec des manifestations communes contre la loi El Khomri en 2016 a laissé des traces. Il a d’ailleurs annoncé ce jeudi qu’il ne défilerait pas à côté des dirigeants de la CGT en Ile-de-France le 1er mai.

Ces divisions syndicales font évidemment le jeu d’Emmanuel  Macron qui, dimanche soir sur BFMTV, a dit ne pas croire à la « coagulation » des « mécontentements ». L’attitude très constructive l’an dernier de Jean-Claude Mailly, le numéro un sortant de FO, sur  les ordonnances réformant le Code du travail , l’avait déjà beaucoup aidé. Mais le chef de l’Etat aurait tort de crier victoire trop vite : certains conflits très spécifiques, comme celui de la SNCF, seront très difficiles à régler.

L’interview de Philippe Martinez (CGT), mercredi, dans l’émission « L’invité des Echos »


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