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Fin du plan d’aide : la Grèce risque de perdre l’accès à la BCE

Dernière longueur pour la Grèce, qui compte voler de ses propres ailes à la fin du mois d’août. Vendredi, le sujet était au coeur des discussions des ministres des Finances de la zone euro , réunis à Sofia. Les Européens se donnent deux mois pour s’accorder sur les modalités de la sortie du plan d’aide dont le pays bénéficie depuis la crise. Ils doivent trancher l’épineuse question d’un allègement de la dette et définir un mécanisme liant les remboursements à la performance économique du pays. Ces éléments sont d’autant plus importants que la Banque centrale européenne (BCE) ne semble pas prête à jouer les pompiers, une fois qu’Athènes ne dépendra que des marchés financiers .

Les déclarations de Benoît Coeuré n’entretiennent pas l’espoir. En Bulgarie, le membre du directoire de la BCE a souligné que l’« après-plan d’aide relevait uniquement des décisions du gouvernement grec ». Ajoutant : « Jusqu’ici c’était une conversation entre le gouvernement grec, les institutions et l’Eurogroupe, désormais ce sera une conversation entre la Grèce et les marchés, ce qui est très différent. » Autrement dit : la BCE n’a pas grand chose à voir là-dedans.

Dette en catégorie spéculative

La Banque centrale européenne est pourtant un rouage essentiel. C’est elle qui, en fournissant des liquidités aux banques, permet au système financier de fonctionner et de soutenir l’économie. Si les établissements hélleniques n’ont pas accès à la BCE – qui offre actuellement un taux de 0 % – ils devront se financer à des conditions beaucoup moins avantageuses (1,25 %) auprès de la banque nationale grecque. Ils seront, par ailleurs, réticents à acheter les titres émis par l’Etat, s’ils ne peuvent pas s’en servir pour obtenir des prêts à la BCE. 

La règle veut que lorsqu’un pays très endetté n’est plus engagé dans un programme d’aide, sa dette n’est plus éligible à Francfort. Les agences de notation, qui ont salué les progrès réalisés par Athènes, classent toujours ses emprunts en « catégorie spéculative ». Or, la BCE n’a le droit d’accepter que des titres bien notés.

Plusieurs sources ont rapporté à « Reuters » que l’institut monétaire ne comptait pas déroger aux règles. La BCE n’a pas été plus clémente envers Chypre en 2016. Par ailleurs, les critiques, dont elle a fait l’objet en raison de son rôle au sein de la Troïka – les institutions qui ont dicté les mesures d’ajustement – ne l’incitent pas à beaucoup s’impliquer.      

Achat de dette par la BCE

Autre mauvaise nouvelle : la BCE ne devrait pas davantage assouplir ses règles pour intégrer la dette grecque dans son programme d’achats de titres (QE). Bénéficier de ce programme, qui doit expirer d’ici la fin de l’année, aurait donné un coup de pouce au pays qui revient sur les marchés. Le gouvernement de Tsipras a longtemps espéré profiter de ce filet de sécurité. 

Les taux d’emprunt de la Grèce ont déjà beaucoup baissé. Tout l’enjeu pour Athènes est donc désormais de convaincre les investisseurs et les agences de notation que sa dette va retrouver une trajectoire soutenable .        


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