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Pourquoi les banques françaises n’ont cessé de grossir depuis 2005

L’exception française dans toute sa splendeur. Depuis 2005, les banques de l’Hexagone ont connu une progression spectaculaire de leur total de bilan, reflétant  un moteur du crédit tournant à plein régime . Le contraste est très fort avec les banques américaines pour lesquelles la hausse de bilan a été « beaucoup plus contenue ». Il l’est encore plus avec les autres banques européennes dont la taille a enregistré une croissance « quasi nulle », soulignent les auteurs d’un récent article publié par la Banque de France, plus largement consacré à la baisse de rentabilité du secteur bancaire dans le monde (1).

Si on observe l’évolution des bilans depuis la crise financière (en 2008 en Europe), le constat est plus nuancé : les banques françaises se contentent, en 2018, de rattraper leur niveau de bilan d’il y a dix ans, là où les banques européennes restent en forte décrue.

Cette bonne tenue des bilans « made in France » peut sembler paradoxale, alors que la tornade financière de 2007-2008 est souvent analysée comme une crise de la dette et d’une mauvaise évaluation du risque. Toutes les réformes réglementaires post-crise ont précisément conduit les banques, soit à considérablement renforcer leurs fonds propres, soit à réduire leurs tailles de bilans.

Coût du risque maîtrisé

Est-ce à dire que les banques françaises prennent plus de risques que leurs concurrentes européennes et américaines ? Pas vraiment à en croire d’autres indicateurs présentés par les auteurs de l’article. Si les banques françaises prêtent… c’est qu’elles peuvent se le permettre.

Elles présentent tout d’abord un coût du risque – les pertes infligées à une banque en cas d’impayé – équivalent aux banques américaines, mais surtout deux fois plus faible que leurs consoeurs du Vieux Continent (autour de 0,2 % du total de bilan pour les banques françaises). De même, elles ont pratiquement doublé leurs capitaux propres depuis 2005, alors qu’il stagne depuis bientôt huit ans pour les banques européennes.

Produits connexes

Au-delà des paramètres financiers, cette hausse du bilan correspond avant tout à un choix stratégique : celui du crédit comme produit d’appel.  Les banques universelles françaises prêtent largement et prudemment, afin de vendre ensuite des produits connexes à leurs clients.

Cela semble se refléter dans la composition des revenus des banques mis en évidence dans l’article : la marge nette d’intérêts (MNI) liée au crédit diminue en France et apparaît plus faible en France que dans les pays voisins. « En particulier, depuis 2012, la baisse de la MNI a été compensée par la hausse des revenus nets des activités de marché et la progression des autres revenus nets d’exploitation bancaire, même si leur poids reste encore modeste », soulignent les auteurs de l’article.

Une rentabilité perfectible

Reste à voir si ce modèle est gagnant du strict point de vue de la rentabilité. Comme toutes les banques de la planète, les Françaises voient le rendement de leurs capitaux propres (mesure phare de la rentabilité bancaire ; NDLR) s’établir durablement en dessous de la barre des 10 %. Dans ce contexte, elles font bien meilleure figure que leurs consoeurs européennes, pour certaines encore engluées dans les difficultés issues de la crise. Elles ne parviennent pas, en revanche, à  combler l’écart avec les géants financiers américains .


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