La valorisation de la recherche publique reprend des couleurs

Cinq ans après leur arrivée polémique dans le paysage de l’innovation, les sociétés d’accélération du transfert de technologies (SATT) montrent des résultats positifs sur la valorisation de la recherche publique tricolore. Une enquête d’impact de bpifrance, dont « Les Echos » se sont procuré les résultats, indique que 256 start-up ont été créées avec l’aide de ce réseau depuis 2012. Un tiers (33 %) dans les technologies digitales, 30 % dans les cleantech, 20 % dans les biotech, 17 % dans les medtech. « Surtout, explique Paul-François Fournier, directeur exécutif de l’innovation chez bpifrance, elles sont plus performantes et connaissent une croissance plus forte que les autres. »
Ainsi, 38,3 % des start-up issues des SATT, contre 25 % au niveau national, ont réalisé une levée de fonds, et un cinquième en ont réalisé deux ou plus dans des délais qui se raccourcissent : moins d’un an entre la création de l’entreprise et le premier tour de table. Les montants levés sont également plus importants : ils s’élèvent à 1,77 million d’euros en moyenne et ont quasiment doublé en cinq ans. Au total, 125 opérations de haut de bilan ont été réalisées par les start-up issues des SATT pour un montant global de 185,2 millions.
23 millions d’euros pour Horama
Parmi elles, une dizaine passe même le cap des 4 millions d’euros levés. C’est par exemple le cas de Horama, spécialisé dans la thérapie génique pour le traitement de maladies génétiques rares en ophtalmologie. L’entreprise est accompagnée par Ouest Valorisation et a réalisé l’an passé deux tours de table d’un montant de 23 millions d’euros pour faire entrer en phase clinique son candidat médicament pour la rétinite pigmentaire.
Pourquoi cet intérêt accru des investisseurs ? « Parce que les SATT puisent dans les laboratoires académiques des technologies en phase avec les enjeux sociétaux et les technologies du futur, et que les start-up qui naissent de cette recherche évoluent désormais dans un écosystème bien chaîné impliquant tous les acteurs de l’innovation : universités, incubateurs, accélérateurs, fonds d’amorçage et de capital-risque, bpifrance… », répond Laurent Baly, président de la SATT Sud-Est et du Réseau SATT, qui fédère les 14 sociétés du territoire.
Chiffre d’affaires en hausse
Selon le bilan réalisé par les services de Claude Girard, directeur du programme valorisation de la recherche au sein du Secrétariat général pour l’investissement, les SATT ont identifié 6.300 inventions dans les laboratoires, déposé 1.818 brevets, signé 526 exploitations de licence. Elles ont aussi financé plus de 1.700 projets de maturation (preuve de concept, changement d’échelle…), déposé 2.200 brevets et conclu 634 contrats de licence dans 67 universités et 160 établissements de recherche.
On commence également à mesurer leur impact. Les sociétés utilisant des technologies maturées par ces structures améliorent de 4 % leur chiffre d’affaires à court terme. « Les SATT ont fait la démonstration de leur pertinence, il leur reste à faire preuve de la capacité de leur modèle à réaliser des bénéfices », tempère le sénateur Philippe Adnot, membre de la commission des Finances et auteur d’un rapport de contrôle budgétaire sur les SATT en juillet 2017.
Prévisions de revenus insuffisantes
A l’époque, le réseau n’avait perçu que 82,5 millions d’euros de recettes, à comparer à presque 1 milliard d’euros dépensés pour la création des 14 SATT.
Il y a quelques semaines, le gouvernement a reculé l’échéance de leur équilibre budgétaire de cinq ans, mais certaines sont déjà sur la sellette selon un rapport de la Cour des comptes publié fin mars. Ses juges recommandent en particulier d’éteindre la SATT Grand Centre, qui, selon eux, « cumule les facteurs de complexité : éclatement géographique, faible adhésion des actionnaires universitaires, déclarations d’invention insuffisantes… A ce stade, pointent-ils, il paraît difficile d’envisager qu’elle puisse s’imposer comme un interlocuteur incontournable auprès des laboratoires et des entreprises ». Les autres ne sont pas épargnées : les juges pointent un écart de – 73 % entre les prévisions de revenus issus du transfert des 14 SATT et leur réalisation.
Continuer à lire sur le site d’origine