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La grève d’Air France s’achève sur un triste bilan

Les longues grèves sont plus difficiles à arrêter qu’à lancer. Air France en apporte une nouvelle fois la preuve. Alors que la compagnie a connu ce mardi son quinzième jour de grève en dix semaines, il aura fallu deux réunions, lundi soir et mardi matin aux représentants de l’intersyndicale pour accoucher d’une « lettre ouverte à la direction », qui ne met pas formellement fin à la grève, sans pour autant la prolonger. Les dix syndicats, qui ont apparemment eu le plus grand mal à s’entendre sur la suite à donner à leur mouvement, se contentent d’appeler la direction « à revenir dans les prochains jours à la table des négociations ». « Le conflit est toujours en cours et la balle est maintenant dans le camp de la direction », conclut le communiqué.

Pas de nouveau préavis

En l’absence de nouveau préavis, c’est pourtant bien la fin de la grève – la plus longue de l’histoire de la compagnie – qui s’annonce entre les lignes. Depuis fin février, chaque réunion de l’intersyndicale à l’issue d’une journée de grève s’était en effet soldée par un appel pour la prochaine grève. Et si les dix syndicats continuent de réclamer la reprise des négociations, gelées de facto par la démission de Jean-Marc Janaillac, les représentants se sont manifestement résignés à devoir attendre l’assemblée générale du 15 mai et  la nomination d’un dirigeant de transition par le conseil d’administration d’Air France-KLM. Le faible taux de grévistes à la journée du 8 mai – 14 % chez les pilotes et 2,9 % chez les personnels au sol – n’y est probablement pas étranger.

Une unité syndicale de façade

L’intersyndicale a au moins réussi à préserver une apparence d’unité, malgré le nouveau mandat donné aux représentants du SNPL AF de revenir à une négociation strictement catégorielle pour la défense des seuls intérêts des pilotes. Voté vendredi après-midi par le conseil du SNPL AF, ce changement de cap n’a pas été remis en cause par le résultat du scrutin.

Maigre bilan de 15 jours de grève

En dépit du  succès inattendu du « non » à la consultation , le bilan de la stratégie intersyndicale semble en effet bien maigre, au regard de la revendication initiale d’une hausse générale des salaires de 7 %. Si les 15 jours de grèves ont coûté plus de 300 millions d’euros à Air France, ils n’auront permis d’obtenir que 1 % supplémentaire de hausse générale des salaires en 2018 (soit 2 % au lieu des 1 % prévus initialement), assorti d’une promesse des hausses de 1,65 % par an de 2019 à 2021. Une proposition qui reste toutefois à confirmer, le projet d’accord ayant été annulé par le vote des salariés. Accessoirement, l’impact de la grève sur les comptes d’Air France risque également de faire perdre à tous les salariés la prime d’intéressement de 2018.

Une marge financière très mince

Pas de quoi crier victoire au final, même si les syndicats n’ont visiblement pas dit leur dernier mot. Car si le dirigeant de transition d’Air France-KLM qui sera nommé le 15 mai, aura pour priorité de ramener un semblant de paix sociale dans l’entreprise, en trouvant un accord salarial avec les organisations, il est difficile d’imaginer qu’il puisse aller bien au-delà du précédent accord. Chaque point d’augmentation générale des salaires représentant un surcoût annuel de 35 millions d’euros, et la grève ayant déjà coûté plus de 50 % du bénéfice record de 2017, les marges financières d’Air France s’annoncent très minces, pour éviter de voir la compagnie française replonger dans le rouge en 2018.


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