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Âge, pension, niveau de vie… qui sont les retraités français ?

Les retraités représentent une part croissante de la population française, avec un impact économique, politique et sociétal de plus en plus important.

Alors que le président de la République, Emmanuel Macron, s’est engagé à réformer les 37 régimes de retraite existants  pour les remplacer par un système de retraite universel, la Direction des études du ministère des Solidarités (Drees) apporte de nombreux éclairages sur cette population  dans une riche étude « Les retraités et les retraites – édition 2018 ». En voici les principaux enseignements.

Photographie de la population retraitée

Fin 2016, 16,1 millions de personnes, vivant en France ou à l’étranger, sont retraitées de droit direct d’au moins un régime français (149.000 personnes de plus qu’en 2015, soit une hausse de 0,9 %), et même 17,2 millions si l’on ajoute à cette population les conjoints qui perçoivent des pensions de réversion.

Sur ce chiffre global, 1,6 million de personnes résident à l’étranger. À noter que 1,1 million de retraités perçoivent uniquement une pension de réversion, 553.000 bénéficient d’une allocation du minimum vieillesse, et parmi eux 68.000 ne perçoivent aucune retraite.

Plus de 14 millions de bénéficiaires pour le privé

Tous régimes confondus, 17,2 millions de retraités perçoivent au moins une pension de droit direct ou dérivé. Le régime général des salariés du privé (CNAV) est le plus important avec 14,1 millions de bénéficiaires.

Parmi les régimes de base, suivent le régime agricole salarié (MSA salariés) avec 2,5 millions de retraités, la fonction publique d’Etat (civile et militaire) avec 2,3 millions de retraités et le régime agricole non-salariés (MSA non-salariés) avec 1,4 million de retraités.

En 2016, le montant total des pensions versées a augmenté de 1,7 %, à 308,4 milliards d’euros, ce qui représente 13,8 % du produit intérieur brut (PIB) du pays.

L’âge de départ est plus tardif

L’âge « conjoncturel » de départ à la retraite dans l’Hexagone est de 61,8 ans. Il progresse de façon continue depuis 2010 (+1 an et 4 mois), porté par le relèvement de l’âge d’ouverture des droits à la retraite issu de la réforme de 2010, ainsi que le relèvement de l’âge d’annulation de la décote depuis 2016.

La progression du nombre de retraités est moins importante qu’en 2015 (+152.000), et bien plus faible que lors des périodes précédentes : entre 2010 et 2014, l’augmentation moyenne était de 186.000 personnes ; entre 2006 et 2010, c’était quasiment le double, avec 360.000 retraités supplémentaires en moyenne.

Le montant moyen de la pension progresse

Malgré l’absence de revalorisation des pensions, le montant moyen de la retraite de droit direct s’est accru de 0,9 % en 2016, à 1.389 euros brut mensuels, soit 1.294 euros net après prélèvements sociaux.

Ce montant croît d’année en année, à un rythme annuel moyen d’environ un point de pourcentage en plus de l’inflation entre fin 2004 et fin 2016. Cette hausse est mécanique car les nouveaux retraités disposent de carrières plus favorables, et donc de pensions plus élevées, que ceux qui décèdent. 

Il s’agit là de données qui portent sur 2016, c’est-à-dire avant la hausse de 1,7 point de la Contribution Sociale Généralisée au 1er janvier 2018. Le passage de la CSG à 8,3% a concerné 60% de retraités .

L’écart de revenu entre hommes et femmes persiste

En 2016, la pension moyenne de droit direct (y compris majoration de pension pour enfant) s’élève à 1.065,00 euros par mois pour les femmes et à 1.739 euros pour les hommes. La pension moyenne des femmes est donc inférieure de 38,8 % à celle des hommes (après 39,2 % en 2015).

Cet écart est en baisse continue depuis 2004 (45,8 %), grâce notamment à l’effet de noria (salaires des entrants vs salaires des sortants) plus important pour les femmes.

En tenant compte des pensions de réversion, dont les femmes bénéficient en majorité, la retraite moyenne des femmes s’élève à 1.322 euros par mois en 2016. Elle est inférieure de 24,9 % à celle des hommes.

Un niveau de vie médian supérieur et moins de pauvres

En 2015, le niveau de vie médian des retraités vivant dans la métropole s’élevait à 1.760 euros par mois, contre 1.690 euros pour l’ensemble de la population. Cette année-là, 6,6 % d’entre eux étaient considérés comme « pauvres » (le seuil de pauvreté était conventionnellement de 609 euros par mois en 2015) ; c’est deux fois moins que pour l’ensemble de la population (14,2 %).

La redistribution faite via le système fiscal (impôt sur le revenu) et social (minima sociaux, aides au logement, etc., hors retraite) permet de faire baisser le taux de pauvreté des retraités de 4,2 points par rapport à son niveau sans cette redistribution.

Un demi-million de retraités au minimum vieillesse

Dans l’Hexagone, 553.000 personnes perçoivent l’allocation du minimum vieillesse (allocation supplémentaire du minimum vieillesse ou allocation de solidarité aux personnes âgées), censée leur procurer un niveau minimal de ressources.

Le plus souvent ces allocations complètent de faibles retraites et sont versées par les caisses, notamment par la CNAV et la MSA salariés et non-salariés. Elles sont aussi versées à 68.000 personnes qui n’ont aucune pension de retraite. Dans ce cas, le versement est effectué directement par le service de l’Aspa, géré par la Caisse des dépôts et consignations.

Les retraites supplémentaires restent marginales

La retraite supplémentaire, quoique marginale, progresse. En 2016, six millions de personnes cotisent à un contrat de retraite supplémentaire, ce qui représente 219 milliards d’euros de provisions, 1,14 milliard d’euros de cotisations (soit 4,8 % des cotisations versées, obligatoires et non obligatoires) et 6 milliards d’euros de prestations (2 % du total).

Parmi les retraités qui bénéficient de ce type de contrat, 2,2 millions (soit un retraité sur huit) perçoivent une rente viagère qui représente, en moyenne, 190 euros par mois.

Epargne individuelle : 2,4 millions de PERP détenus

Les produits d’épargne retraite individuels souscrits hors du cadre professionnel comptent 944.000 bénéficiaires d’une rente viagère et 3,1 millions d’adhérents en phase de constitution du contrat, dont 2,4 millions pour le seul PERP.

Les dispositifs de retraite supplémentaire destinés aux professions indépendantes s’adressent, eux, à 288.000 rentiers et représentent 1,6 million de contrats en cours de constitution. Ceux qui s’adressent aux salariés du privé (hors Perco) comptent 970.000 rentiers et de l’ordre de 5,7 millions d’adhérents en phase de constitution du produit.

Enfin, 2,3 millions de salariés possédaient en 2016 des avoirs sur un Perco.


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