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La fièvre du cannabis légal atteint la France

Les premières boutiques parisiennes ouvrent ces jours-ci. Depuis deux semaines, les points de vente se multiplient dans quelques territoires français, avec des queues parfois longues devant le pas-de-porte. La vente de cannabis légal est en train de monter comme un soufflé.

Ce produit sulfureux a fait son apparition dans les boutiques de vapotage sous forme de liquide : le CBD, ou cannabidiol, une molécule issue du chanvre mais dénuée des effets psychoactifs du THC, le principal composant psychoactif du cannabis.

Autorisé par le ministère de la Santé

D’abord sujet à controverse quant à sa légalité, elle bénéficie depuis novembre d’un avis du ministère de la Santé à rebours de celui l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), estimant qu’il s’agit d’une dérogation à la législation et qu’elle « apparaît comme légale » à un taux de THC inférieur à 0,2 %.

Quoique encore relative, cette clarification a conduit quelques pionniers à se lancer dans la commercialisation d’autres produits dérivés de cette substance, dont les promoteurs mettent en avant les propriétés calmantes et antidouleur : des infusions et huiles au substitut de tabac, en passant par des bonbons ou cookies.

Les premières boutiques françaises se sont inspirées de la Suisse, où le cannabis n’est considéré comme un stupéfiant qu’au-delà d’un taux de 1 % de THC et où la filière explose, avec ses producteurs et revendeurs, pour un marché estimé à 100 millions de francs suisses (86 millions d’euros).

Ouvertures en franchise

A Besançon, à une heure de la Suisse où elle se fournit, l’enseigne Bestown revendique une place de pionnier dans l’Hexagone et a lancé sa propre franchise, qui pourrait compter vingt magasins d’ici à fin juin. Dans la même ville, de l’autre côté de la citadelle, une autre boutique baptisée Green Coffee a ouvert fin mai, en même temps que sa soeur jumelle, à Vesoul (Haute-Saône). Son gérant envisage déjà, lui aussi, d’accoler son nom à d’autres magasins appelés à se créer et dont il se propose d’être le fournisseur.

Ancien boulanger en recherche de reconversion, Nicolas Le Minihi est de ceux qui ont vu une opportunité dans cette nouvelle activité tolérée par les autorités. « Je sais que ça va marcher », annonce le futur propriétaire, à Altkirch dans le Haut-Rhin, d’une franchise de la marque suisse BioKonopia. Dans l’attente de l’ouverture de sa boutique, d’ici à la fin du mois, le trentenaire dit être contacté chaque jour par de futurs clients impatients.

Filiales suisses

La demande est telle que BioKonopia, qui gère trois magasins en Suisse, a récemment créé une structure française dédiée à ses franchises françaises. Deux viennent d’ouvrir à Belfort et Héricourt, en Franche-Comté. Cinq autres sont à venir à Altkirch, Dijon, Montélimar, Montpellier et Saint-Quentin, dans l’Aisne. Droit d’entrée : 2.500 euros annuels. « En Suisse nous avons du recul, il y a une vraie demande venant de clients qui ne fument pas forcément mais veulent bénéficier des bienfaits de la plante. Il faut arrêter l’hypocrisie », commente la gérante de BioKonopia, Karolina Willoqueaux.

Pas de doute, la clientèle est bien au rendez-vous – des adeptes du cannabis qui souhaitent décrocher ou passer à un produit légal et des personnes malades qui cherchent un calmant ou un antidouleur, essentiellement, même si le produit ne doit pas afficher de bénéfices santé -, mais un flou entoure encore le CBD. Quels contrôles quant à sa teneur en THC ? Comment le distinguer du cannabis illégal ? En France, une liste restreinte de variétés industrielles de chanvre peuvent être cultivées pour l’industrie textile, le bâtiment ou l’alimentation, mais seules les graines et les fibres peuvent être utilisées, pas les fleurs. Alors que la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a récemment ouvert la porte à une utilisation du cannabis à des fins médicales et que des agriculteurs réclament une dérogation, une filière française pourrait-elle se développer ?


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