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Ce que proposent les économistes proches de Macron pour rectifier sa politique

La note rédigée par les trois économistes proches d’Emmanuel Macron – Philippe Aghion, Jean Pisani-Ferry et Philippe Martin – est claire : après un an, contrairement à leurs espoirs, la France s’éloigne du modèle scandinave pour se rapprocher d’un capitalisme à l’anglo-saxonne. Dans la flexisécurité tant vantée par le candidat Macron, il manquerait la sécurité. Comme le déclarait Philippe Aghion à « Alternatives économiques » il y a dix jours , « le compte n’y est pas ». Que proposent-ils pour renouer avec « l’ambition émancipatrice du programme présidentiel » ?

Mobilité sociale

Fiscalité, éducation, chômage… En insistant sur les inégalités et la nécessaire mobilité sociale, les trois économistes passent en revue les futures mesures possibles. D’abord, ils proposent de « lutter contre les rentes et les privilèges d’en haut » en supprimant les grands corps de l’Etat. Dans l’éducation, s’ils donnent un bon point au dédoublement des classes de CP dans les zones prioritaires, ils jugent « nécessaire » un accroissement du budget du ministère de l’Enseignement supérieur. Sur le marché du travail, ils se montrent opposés à la remise en cause de la prime d’activité , mais favorables à une réforme du travail à temps partiel pour le faciliter et ainsi favoriser les adaptations en temps de crise.

De même, Philippe Aghion, Jean Pisani-Ferry et Philippe Martin considèrent qu’il serait opportun de faire varier la durée d’indemnisation des allocations-chômage en fonction de l’évolution du taux de chômage. Une mesure contracyclique, mais qui se traduirait pour l’heure par une réduction (très impopulaire) des droits. Séduits par le capitalisme scandinave ou rhénan qui fait une large part au dialogue social, ils militent par ailleurs pour faire plus de place aux représentants des salariés dans les conseils d’administration, une mesure que les députés de la majorité pourraient pousser pendant les débats sur la loi Pacte.

Lutte contre les inégalités

En matière de fiscalité, les experts plaident en faveur d’une réduction des niches fiscales et d’une remise à plat des aides aux entreprises. Ils préconisent « d’attaquer de façon plus frontale les passagers clandestins de l’UE, qui bénéficient du marché unique tout en siphonnant les bases fiscales de leurs partenaires ». L’Irlande, le Luxembourg et le futur accord avec le Royaume-Uni sont ici visés. Paris ne ménage cependant déjà pas sa peine sur ce dossier.

Pour les ménages, ils recommandent d’en finir avec les aides à l’investissement logement (Pinel, etc.) et d’augmenter « les droits pour les très hautes successions », toujours dans une optique de favoriser la mobilité sociale. Ils critiquent aussi la suppression de la taxe d’habitation pour les 20 % des Français les plus aisés , une mesure trop coûteuse pour les finances publiques et sans effets redistributifs positifs. Ils la conditionnent à une réforme de la fiscalité locale rendant progressive la taxe foncière.

Plus qu’à un retour à la copie originelle – les auteurs reconnaissant qu’elle est assez largement appliquée -, voilà qui ressemble fort à un nouveau programme présidentiel, la plupart de ces propositions étant absentes du projet du candidat Macron en 2017. Ou plus probablement, voilà un document qui pourrait, espèrent-ils, nourrir une seconde partie de quinquennat qui ferait une plus large place à la lutte contre les inégalités.


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