EconomiePolitique - Société

Macron montre sa jambe gauche

Ceux qui tendent l’oreille l’ont perçu depuis quelques jours. Les violons plutôt que la batterie, la petite musique exécutive s’est adoucie. On parle de « social », d’« accompagnement des individus », de « solidarité », on range les mots « économies », « maîtrise des dépenses ». Agnès Buzyn, la ministre des « Solidarités » justement, est mise en avant, défenseur des plus pauvres et d’un « modèle social grippé ».

Bruno Le Maire s’exprime devant les patrons d’Ethic mais pour calmer leurs ardeurs à couper dans la dépense : « Cela ne va pas assez vite pour vous, mais cela va trop vite pour d’autres », justifie-t-il. Les mots ont changé.

Le chef de l’Etat lui-même va mettre les points sur les « i » lors du congrès de la Mutualité ce mercredi. Il a bien une jambe gauche, il va la montrer, assurer qu’elle ne l’a jamais quitté. On appelle cela du « portage politique ».

La fin des rapports explosifs

Les notes signées de ses proches, le malaise de certains députés et le décrochage sondagier de ses électeurs de gauche l’ont poussé à changer de tonalité. Les rapports qu’il voulait explosifs pour aider à la pédagogie sont ainsi remisés. Trop brutaux. « On a réalisé collectivement que le débat s’amorçait sur des propositions que nous n’allions pas retenir et que ça nous plaçait sur la défensive », dit un ministre.

Foncer sans concerter n’est plus forcément la panacée. Le trio des femmes ministres ayant eu affaire à la CFDT (Buzyn, Pénicaud, Borne) ne tarit pas d’éloges sur son « courage » et « sa force de travail ». Après de longs mois sans un mot, Emmanuel Macron a d’ailleurs reçu Laurent Berger récemment. A l’Assemblée aussi, le groupe En Marche réfléchit à la meilleure façon d’associer les députés au travail de réforme. La méthode change… Pour mieux éviter de changer de ligne politique ?

Jusqu’à présent en tout cas, le président de la République ne concédait qu’un défaut de communication. Devant des proches qu’il recevait lundi dernier à l’Elysée, Emmanuel Macron a récusé toute idée de rééquilibrage de la politique : « Cela n’a pas de sens, cela voudrait dire que ce que l’on a fait jusqu’ici était déséquilibré », aurait-il indiqué. « Redonner du sens », ne pas se laisser « cornériser » par une approche budgétaire des choses, changer donc de mots et de méthode : telle serait la réponse.


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