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Privatisations d’ADP et de la FDJ : un test pour redynamiser l’actionnariat populaire

L’Etat se prépare à céder la majorité du capital d’ADP (ex-Aéroports de Paris) et de la Française des jeux. Un événement alors que depuis quelques années, il se contentait de céder, au compte-gouttes, des  actions dans des sociétés dont il était minoritaire comme EADS ou Safran. Le gouvernement veut renouer avec une pratique disparue depuis les années 2002-2007, lors des privatisations partielles de France Télécom, d’EDF et de Gaz de France, en proposant aux particuliers de devenir actionnaires de ces entreprises.

Alors que le gouvernement souhaite favoriser l’épargne longue des Français, notamment via les placements en Bourse, ces opérations permettront-elles de relancer l’actionnariat populaire en France ?

Depuis les grandes vagues de privatisations des années 1986-1993 (Saint-Gobain, Paribas, CCF, Société Générale, Rhône-Poulenc, BNP, UAP, etc.), le nombre d’actionnaires individuels n’a cessé de reculer. Il est passé de près de 7 millions avant la crise de 2007 à un peu plus de 3,5 millions en France l’an dernier.

Les déconvenues EDF et France Télécom

On se souvient que la privatisation de France Télécom (rebaptisé depuis Orange) avait remporté un vif succès avec près de 4 millions d’actionnaires particuliers lors de la première tranche en 1997 et près de 3 millions lors de la seconde en 1998. Idem pour EDF qui avait attiré près de 5 millions de particuliers en 2007. Mais les effets des crises financières de 2008-2012 et du krach Internet de l’an 2000 ont provoqué une chute des bourses mondiales et beaucoup de particuliers y ont laissé des plumes.

Ainsi, plus de vingt ans après son introduction en Bourse, l’action Orange cote encore à près de 50 % en dessous de sa valeur lors de son introduction (et même de 75 % pour la deuxième tranche de 1998). Idem pour les actionnaires de Gaz de France (devenu Engie), qui a perdu 40 % de sa valeur depuis juillet 2005. Quant aux actionnaires d’EDF, la pilule est encore plus dure à avaler avec un cours quasiment divisé par trois depuis décembre 2007.

Les investisseurs de court terme, ceux qui ont revendu rapidement, ont en revanche réalisé de bonnes opérations alors que Gaz de France avait bondi de 22,8 % pour son premier jour de cotation et que France Télécom avait vu son cours passer de 28 euros à 153 euros en un peu plus de deux ans.

Bonne vague

Cela s’était beaucoup mieux passé pour les privatisations des années 1986-1993, celles-ci ayant bénéficié d’un climat boursier plus favorable lors de leurs premières années de cotation. Ainsi, les actionnaires de BNP, qui n’auraient pas cédé leurs actions depuis la privatisation en 1993, gagneraient encore 200 % (malgré la crise financière de 2008), ceux de Saint-Gobain (1986) 250 %, ceux de TF1 (1987) 264 % et ceux de la Société Générale (1987) près de 122 %. Sachant qu’une majorité des entreprises privatisées ont ensuite été absorbées ou fusionnées à l’image de l’UAP, de Gan, de Pechiney, d’Usinor-Sacilor, d’AGF de Seita, de Rhône-Poulenc ou de Paribas.

Dans ce contexte de désamour des Français pour les actions, malgré un timide redressement en 2017 , la privatisation d’ADP et de la FDJ aura valeur de test.


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