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L’inéluctable dépollution des « décharges les pieds dans l’eau »

Les falaises de la côte d’Albâtre n’abandonnent pas que d’énormes blocs de calcaire et de silex dans la Manche. Elles se vident aussi de leurs immondices. Entre Le Havre et Criel-sur-Mer, en Seine-Maritime, pas moins de 15 décharges, toutes  recensées par l’ONG Robin des Bois , répandent leur contenu dans la Manche au gré des éboulements qui résultent d’un phénomène naturel d’érosion. Explication : les basses falaises, réceptacles de plusieurs centaines de milliers de tonnes de déchets largués pendant des décennies depuis les hautes falaises, se désagrègent et s’affaissent jusqu’au rivage, minées par les infiltrations d’eau pluviale.

Au Havre, la décharge de Dollemard relâche chaque année à la mer au moins 30 m3 de plastiques, les détritus les plus légers. Une situation qui devrait empirer sur ce site de la zone Natura 2000 « littoral cauchois » et ce, en raison de l’érosion accélérée du littoral due aux infiltrations d’eau d’origine terrestre et aux activités humaines (extraction de galets, construction de jetées, etc.).

Des ex-propriétaires sans scrupule

A cause de ces dernières, les vitesses de retrait des falaises et le nombre moyen de mouvements de masse annuels ont été doublés au cours de la seconde moitié du siècle passé, selon les scientifiques. Actuellement, les « pertes foncières » varient entre une petite dizaine et une vingtaine de centimètres chaque année selon les secteurs.

Des mauvaises surprises comme celle du pays de Caux, les dépotoirs oubliés du littoral français en réservent bien d’autres et pas forcément là où on les attendrait. Le Patrimoine du Conservatoire du littoral s’expose à en découvrir un certain nombre « sur des parcelles cédées à des prix avantageux par des propriétaires soucieux de se débarrasser du problème », raconte Jacky Bonnemains, le président-fondateur de Robin des Bois.

Risques de péril imminent

Celui-ci regrette que la découverte de tous ces points noirs, se fasse « au cas par cas ». Son association plaide auprès du ministère de la Transition écologique en faveur de l’établissement d’un inventaire consolidé des décharges et propose le lancement d’appels à projets pour procéder à leur résorption par ordre d’urgence.

Les risques peuvent être imminents de voir une décharge lâcher brutalement son contenu insalubre sous la pression montante des flots. En 2016 à  Lingreville , sur la côte ouest du Cotentin, il aura fallu attendre qu’une énième tempête et de forts coefficients de marée viennent arracher aux dunes des masses impressionnantes d’immondices pour faire prendre de conscience de la gravité de la situation. En un peu plus d’un an, 12.000 tonnes de déchets ont été extraits et triés. Un chantier de 2 millions d’euros pris en charge par les collectivités locales normandes, l’établissement public foncier de Normandie et l’agence de bassin Seine-Normandie.


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