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Pauvreté : l’ascenseur social fonctionne au ralenti en France, selon l’OCDE

Derrière le penchant français pour l’égalité, avec un taux de pauvreté relativement faible à l’échelle nationale , il y a une grande injustice. Pour paraphraser Emmanuel Macron, ceux qui « tombent pauvres » n’en sortent pas. Et ceux qui sont riches le restent. L’ascenseur social fonctionne au ralenti : c’est ce que montre l’OCDE dans un rapport publié ce vendredi sur la mobilité sociale. Ce document s’intègre dans une revue des politiques publiques qui ont fait leurs preuves pour lutter contre les inégalités.

Six générations

« Dans l’ensemble, la France affiche une mobilité relativement faible par rapport aux autres pays », constate l’OCDE. Pour qu’une famille au bas de la répartition des revenus atteigne le revenu moyen, il faut attendre 6 générations, contre 5 dans l’ensemble des pays membres de l’organisation internationale. La France se classe ainsi au même niveau que l’Allemagne, parmi les mauvais élèves. Les pays nordiques, anglo-saxons et quasiment toute l’Europe (hormis la Hongrie) font mieux qu’elle.

Le manque de mobilité se voit surtout dans les revenus d’activité. En effet, 35 % des hommes dont le père gagne peu font de même une fois adultes, alors que la moyenne est de 31 % dans l’OCDE, et seuls 15 % d’entre eux parviennent à atteindre le groupe des revenus d’activité les plus élevés.

Autre statistique parlante : dans deux tiers des cas, les 20 % du bas de l’échelle des revenus y restent au bout de quatre ans. Une immobilité qui s’est accrue depuis les années 1990. Cela s’explique par l’importance du chômage de longue durée, et par la mauvaise qualité des emplois retrouvés, souvent en CDD. L’OCDE préconise donc de lutter contre le chômage de longue durée avec des incitations au retour à l’emploi et un accompagnement renforcé.

L’école gratuite et obligatoire ne suffit pas

Mais la France pèche également en termes de résultats scolaires. Malgré l’école gratuite et obligatoire, la reproduction sociale joue à plein. Presque 7 enfants sur 10 (68 %) dont les parents sont diplômés du supérieur obtiennent un diplôme équivalent, contre 17 % des enfants dont les parents ont un faible niveau d’étude. L’OCDE recommande cette fois de réduire les écarts scolaires avec un soutien sur mesure aux écoles accueillant le plus d’enfants défavorisés et de la lutte contre le décrochage.

Elle suggère également de mettre l’accent sur les territoires qui cumulent toutes les inégalités , en réduisant la concentration des poches de pauvreté et en promouvant la mixité sociale. « Les chances de réussite professionnelle des jeunes dépendent fortement du quartier dans lequel ils grandissent et du niveau de capital humain et social de leurs parents », analyse l’OCDE.

L’organisation salue tout de même les bons résultats du pays pour amortir les chocs familiaux (divorce, naissance d’un enfant…). Une réussite qui découle de la forte participation des femmes au marché du travail, et des efforts qui sont faits pour les y aider.


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