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La Banque d’Angleterre s’inquiète de la viabilité de KPMG

La viabilité de KPMG est-elle garantie ? Après les scandales à répétition qui ont émaillé l’actualité récente du cabinet, la question, aux yeux de la Banque d’Angleterre, mérite d’être posée. A tel point qu’elle a ouvert une enquête pour s’assurer de sa solidité.

Selon le « Financial Times », la Prudential Regulation Authority (PRA) – qui dépend de la banque centrale britannique – a voulu vérifier que les clients actuels de KPMG ne cherchaient pas à couper court à leurs relations, ou si le cabinet peinait à conclure de nouveaux contrats à la suite de sa mise en cause dans  la récente faillite du géant britannique du BTP et des services Carillion , et après le vaste scandale de corruption qui a éclaboussé sa réputation en Afrique du Sud. La PRA a aussi cherché à savoir dans quelle mesure cette affaire africaine menaçait de mettre en péril le reste de son réseau international.

L’ombre de la faillite de Carillion

Le KPMG de 2018 n’est pas l’Arthur Andersen de 2002. Mais si la PRA s’inquiète pour les institutions financières qu’elle supervise, et dont plusieurs (Barclays, Standard Chartered, Legal & General ou encore Prudential) l’ont pour commissaire aux comptes, c’est parce que ce cabinet est à ses yeux susceptible de présenter un risque systémique.

KPMG enchaîne en effet depuis plusieurs mois les mauvaises nouvelles et accumule les critiques sur ses méthodes de travail. Tout le monde se demande comment il a pu laisser passer les difficultés que traversait Carillion, dont il était commissaire aux comptes, en certifiant des résultats faisant apparaître 150 millions de livres de profit… quelques mois seulement avant que la chute du géant, qui employait 43.000 personnes, ne révèle en janvier leur caractère factice !

Critiques sur la qualité des audits

Alors que KPMG fait l’objet d’une enquête sur ce dossier, le régulateur du secteur, le Financial Reporting Council (FRC), a tancé la firme le mois dernier, l’accusant d’une « détérioration inacceptable » dans la qualité de ses audits.

Le cabinet est aussi dans la tempête en Afrique du Sud, où il lui est désormais interdit d’auditer les comptes des institutions publiques, et où deux régulateurs enquêtent sur son rôle dans le vaste scandale de corruption qui touche le gouvernement. Une affaire qui a fait fuir les clients et obligé KPMG à licencier plusieurs centaines de personnes au cours des douze derniers mois.

En janvier, la Securities and Exchange Commission avait par ailleurs épinglé trois ex-associés de la firme accusés d’avoir bénéficié entre 2015 et 2017 d’informations confidentielles sur les inspections de leurs audits par les autorités américaines, afin de pouvoir les contourner.

Pouvoirs de contrôle renforcés

De quoi donner des arguments à ceux qui appellent à resserrer les contrôles sur les grands cabinets. A commencer par le directeur général du FRC, Stephen Haddrill, qui a écrit à deux commissions parlementaires enquêtant sur la faillite de Carillion pour réclamer un renforcement de ses pouvoirs de surveillance.

Il demande notamment de pouvoir mettre son nez dans l’audit des comptes des entreprises manifestement en danger, et d’être autorisé, en cas de problème, à dire ce qu’il y trouve. Il réclame aussi de pouvoir plus facilement sanctionner les commissaires aux comptes qui se rendraient coupables de mauvaise conduite. Il ne peut aujourd’hui les punir que s’il démontre, au préalable, que leurs pratiques sont « plus sérieuses que de la négligence ».


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