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Colmar : un maire qui fait partie du patrimoine

Colmar. Son marché de Noël, sa Petite-Venise… son maire. Aux manettes depuis 1995, Gilbert Meyer fait partie du patrimoine de la capitale haut-rhinoise au même titre que ses sites remarquables. Et ce malgré l’élection de 2008, annulée par le tribunal administratif de Strasbourg pour des pressions exercées sur une partie de l’électorat. « Un excès de démocratie qui ne m’a pas posé de problème », commente le maire qui était réélu dès le premier tour deux mois plus tard.

L’homme de soixante-seize ans a noué avec les habitants une relation charnelle. « Quand je sors de la mairie, les gens se précipitent sur moi », explique-t-il. Quelques mesures contribuent sans doute à sa cote : gratuité du cinéma à partir de 70 ans, prime de naissance de 75 euros, subvention de 120 euros pour l’achat d’un vélo ou mise à disposition de poules pour diminuer le volume des déchets. « Saupoudrage électoraliste », disent ses détracteurs. Précurseur, juge l’intéressé. Commis de mairie à ses débuts, cet « homme de la terre » destiné à reprendre l’exploitation familiale grimpe les échelons de la fonction publique territoriale. A son actif, trois mandats de conseiller général, un de conseiller régional, trois de député et quatre de maire, mais c’est avec le titre de docteur en droit public, obtenu à soixante et onze ans, qu’il obtient sa revanche. Avec les félicitations du jury.

« Maire bâtisseur »

Colmar reste l’oeuvre de sa vie. A raison, Gilbert Meyer revendique l’étiquette de « maire bâtisseur ». Rénovation urbaine, restructuration du centre historique, création de nouveaux équipements parmi lesquels l’extension récente du  musée Unterlinden  : le maire se targue d’avoir doté Colmar d’« une image extraordinaire ». En témoignent les 3,5 millions de touristes de passage en 2017. C’est cinq fois plus qu’au début de son premier mandat. Et le maire en attend encore davantage depuis l’installation récente d’une émission de télé-réalité chinoise.

Sa recette de la longévité : la proximité, les investissements et la bonne gestion. « Ces six dernières années, les impôts locaux n’ont pas bougé d’une virgule. Le budget de fonctionnement par habitant n’a pas augmenté d’un euro et, pourtant, nous investissons le double des villes de l’importance de Colmar », met en avant l’édile. « Tout le monde sait que je suis un bon gestionnaire. » Il en veut pour preuve le dernier congrès des Villes de France, dont il est vice-président. « Qui a dû intervenir sur la gestion ? C’est Gilbert Meyer », lâche-t-il façon Alain Delon, qui se trouve être « un ami de longue date ».

Gestion exemplaire ? « Il se fait toujours un grand plaisir de présenter les chiffres, surtout quand ils sont favorables, décrit Lucien Muller, premier vice-président de la communauté de communes présidée par l’intéressé. Mais il n’y a pas que les chiffres. Il a une capacité remarquable à traiter, assimiler et suivre les dossiers. » Autre son de cloche chez Victorine Valentin, son opposante PS au conseil municipal : « Toutes ses actions sont obérées par l’aspect politique ou financier, souvent au détriment des services à la population. » Elle ne s’explique pas « qu’il soit réélu à chaque fois ». Lui regrette de ne pas être assez challengé par une opposition qu’il juge inexistante.

Jusqu’au-boutiste

Ses contempteurs, pourtant, décrivent un tyran aux dehors affables qui exige que tous se rangent à son avis. A Noël dernier, il n’hésite pas à faire retirer et remplacer une quinzaine de sapins peints en rouge installés par ses services au motif qu’à ses yeux, ils sont roses, et que le rose n’est pas une couleur de Noël. Certaines de ses prises de position jusqu’au-boutistes dépassent l’anecdote. Comme son opposition à la réforme des rythmes scolaires, qu’il conteste jusqu’au Conseil d’Etat. Ou son « non » au  référendum de 2013 sur le Conseil unique d’Alsace, pour lequel il agite jusque dans les boîtes aux lettres de ses administrés le spectre de la perte de la préfecture de Colmar.

Tenace, l’édile sait activer ses réseaux pour sa ville. « Si vous n’avez pas d’entrée à Paris, vous passez à côté de l’essentiel. » Dernier exemple en date : l’inscription de Colmar au plan gouvernemental Action coeur de ville. « Le hasard a voulu » que le maire partage avec le ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, une voiture du TGV Paris-Bruxelles. « Le lundi d’après j’étais retenu. » Un fait d’armes à afficher lors d’une prochaine bataille électorale ? « Ce n’est pas une question d’actualité », lâche-t-il sans exclure l’hypothèse d’un cinquième mandat.


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