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Emplois francs : un démarrage timide en Ile-de-France

Quelque 200 entreprises ont bénéficié des contrats emplois francs en Ile-de-France depuis avril. Ce dispositif vise à aider les demandeurs d’emploi dans les quartiers en difficulté. Cet été, la préfecture d’Ile-de-France a dressé un premier bilan en présence d’entreprises et de salariés bénéficiaires. La grande majorité des 200 contrats ont été signés en Seine-Saint-Denis.

« Nous n’avons pas de budget précis mais nous avons dépensé 300 millions d’euros pour l’instant sur ce dispositif » a déclaré Michel Cadot, préfet d’Ile-de-France. Le principe est le suivant : l’Etat verse à l’employeur 5.000 euros par an sur les 3 ans pour un CDI et 2.500 euros pour un CDD sur une période de 2 ans. L’objectif est de soutenir 10.000 emplois dans la région francilienne.

Quartiers classés en zone prioritaire

Sept territoires tests ont été choisis depuis avril, dont quatre en Ile-de-France – la Seine-Saint-Denis, Roissy Pays de France, Cergy-Pontoise, Grand Paris Sud – auxquels s’ajoutent Aix-en-Provence, Marseille et Angers. Soit 194 quartiers classés en zone prioritaire de la politique de la ville dans lesquels vivent 1,4 million d’habitants dont 200.000 demandeurs d’emploi. L’expérimentation prendra fin au 31 décembre 2018.

Pourquoi un démarrage aussi lent ? « Même si ce mois de mai a été inactif, nous prévoyons d’atteindre les résultats escomptés. Nous avons mis en place un partenariat pour mutualiser nos efforts. Les demandeurs d’emploi peuvent être domiciliés en Ile-de-France ou partout en France », détaille Catherine Adnot-Mallet, directrice Pôle emploi Ile-de-France. Sur le territoire, 30 à 40 % de jeunes de moins de 25 ans cherchent un emploi dans les quartiers de la politique de la ville (QPV).

Réseaux associatifs

Il s’agit de baisser le taux de chômage dans ces zones qui avoisine 25 % (contre moins de 9 % pour la moyenne nationale). « Le dispositif est bien connu du monde des entreprises et des PME, mais moins des petites structures. Dans chaque quartier, nous mettons du lien avec les réseaux associatifs », précise Michel Cadot.

Les acteurs doivent travailler en réseau pour faciliter la montée en puissance du dispositif. « Les entreprises recherchent les compétences adéquates, nous identifions leurs besoins, et nous leur proposons les emplois francs », a expliqué Corinne Chérubini, directrice régionale des entreprises, du travail et de l’emploi au ministère du Travail.

Prochaine évaluation

Sur le terrain, les avis divergent. Si Olivier Klein, maire (PS) de Clichy-sous-Bois et président de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), reconnaît « l’utilité » du nouveau dispositif qu’il juge « plus ouvert que l’ancien », il estime que les montants ne sont pas suffisants : « L’aide financière va plutôt servir à la formation, et ne comble pas les difficultés créées par la disparition des emplois aidés notamment pour les associations. »

De son côté, Bernard Nebout, directeur RSE de Manpower France, a regretté que le dispositif ne soit accessible qu’aux inscrits de Pôle emploi, ce qui écarte les personnes déconnectées des circuits traditionnels. Après ce premier bilan en demi-teinte, il reste encore quinze mois pour décider d’une généralisation ou non des emplois francs en 2020.


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