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Denis Liotta, de la science-fiction à la réalité de l’entreprise

Denis Liotta l’affirme sans détour. A 45 ans, ce serial entrepreneur a connu plus d’un échec. Mais les revers sont, selon lui, des « armes de construction massive ». « Echouer renforce l’instinct de survie. On apprend à se relever plus vite et à pivoter rapidement pour trouver de nouvelles opportunités de business à son entreprise. C’est une valeur essentielle pour les start-up », explique cet investisseur, cofondateur de NetAngels, qui a pris, cette semaine, la présidence de Marseille Innovation, association privée d’aide à la création d’entreprise.

Sa première entreprise à 23 ans

Ce passionné de science-fiction puise, quant à lui, matière à innover dans ses lectures et séries, notamment pour s’approprier les changements sans peur. « ‘Le Voyageur imprudent’ de Barjavel qui parcourt le passé et le futur pour s’enrichir d’expériences ou ‘Le Cycle des robots’ d’Isaac Asimov ont forgé en moi une mentalité tournée vers la création et l’imaginaire », confie-t-il.

Ainsi, Denis Liotta est encore étudiant quand il créé sa première entreprise, à 23 ans, un spécialiste de la téléphonie. « Je m’ennuyais en sciences éco. L’enseignement était trop conceptuel et très éloigné de nos valeurs familiales », détaille-t-il des premières lignes de son CV.

Une épicerie après le régime noir de Mussolini

Son grand-père avait fui le régime noir de Mussolini et installé une épicerie dans le quartier italien de Marseille. Avec le travail comme force motrice, son père, lui, s’était hissé jusqu’à la direction des transports d’une société de logistique et, au décès de son fondateur, la famille propriétaire du groupe Médiaco lui avait déroulé un tapis rouge pour créer une filiale – Médiaco Vrac – spécialisée dans le transport de conteneurs et le stockage en vrac de liquides.

Bientôt, l’entreprise, née en 1988, se développe. Le jeune Denis y rejoint son frère de quatorze ans son aîné, reprend des cours du soir en comptabilité, et acquiert une usine de production d’huile d’olive. Mais c’est finalement dans celle de pépins de raisin que la fratrie va se distinguer : l’entité devient leader mondial de la spécialité, avec près de 30 % de parts de marché.

De l’huile de pépins de raisin à la mode

Les deux frères investissent aussi dans leur activité historique et finissent par constituer une réserve de stockage de 100.000 m3, proche des quais de déchargement à Port-Saint-Louis-du-Rhône. L’ensemble pèse plus de 100 millions d’euros.

« La vie offre d’étonnantes surprises », sourit cet esprit ouvert, qui se nourrit de rencontres et de voyages. En 2004, il fait la connaissance d’un journaliste qui veut entreprendre. Ce sera Maya Press, sa première réussite en tant que business angel. Et quelques années plus tard, c’est le jackpot auquel rêvent tous les investisseurs : il investit dans les débuts du site de prêt-à-porter Monshowroom.com et multiplie sa mise par plus de 10 en quelques mois. « Avec la confiance que donne ce genre d’aventure, j’ai investi partout et beaucoup échoué. Mais j’ai aussi découvert la valeur du facteur humain. Beaucoup de talents manquent cruellement d’expérience et d’encadrement dans un environnement économique extrêmement mobile, qui nécessite une adaptation permanente », témoigne ce bourreau de travail, qui se ménage de rares moments de ressource auprès de ses proches.

Hôtel technologique, incubateur, pépinière et accélérateur

A la tête de Netangels, qu’il cofonde en 2012, il valide donc un nouveau concept d’investissement qui privilégie la capacité des porteurs de projet à rebondir : le startup studio fournit trésorerie, mentoring et expertises pour valider en quelques mois la rencontre d’un projet avec son marché.

Le modèle de Marseille Innovation en est proche : à la fois hôtel technologique, incubateur, pépinière d’entreprises et accélérateur. Le site a fondé son succès sur une organisation opérationnelle qui gomme les principaux freins au succès des jeunes pousses grâce à un dispositif d’insertion dans l’écosystème entrepreneurial.

Au passage, les entrepreneurs s’appuient sur un pool d’experts (en communication, marketing, finance, propriété intellectuelle…) et sur d’anciens startuppeurs. « Nous allons dupliquer ce modèle et l’enrichir de nouveaux partenariats, notamment avec de grands groupes, pour faire de Marseille une marque attractive pour les start-up », ambitionne Denis Liotta. Cette dernière décennie, Marseille Innovation a accompagné plus de 500 entreprises, qui ont généré près de 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires.


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