EconomiePolitique - Société

Fragile réchauffement entre Macron et les élus locaux

« Le Premier ministre nous a promis une stabilisation de nos finances et un changement de méthode, nous attendons maintenant les actes », a réagi vendredi Hervé Morin en sortant de Matignon. Le Président de Régions de France et de nombreux patrons de régions ont déjeuné avec Edouard Philippe en conclusion d’une semaine de relance du dialogue entre les élus locaux et la macronie.

Ce réchauffement climatique a débuté avec la recomposition du gouvernement autour  d’un grand ministère des Territoires piloté par une élue locale reconnue, Jacqueline Gourault. Le chef de l’Etat a dans la foulée multiplié les signes d’apaisement envers les élus locaux lors d’une rencontre avec Gérard Larcher, président du Sénat, et Dominique Bussereau, président de l’Assemblée des Départements de France (ADF). Mardi soir, à la télévision, Emmanuel Macron a rendu un hommage appuyé aux maires.

Fusions métropoles-départements

L’effet est spectaculaire. Renaud Muselier, le président LR de la région Paca et co-organisateur de l’appel de Marseille en septembre, estime que le ras-le-bol des élus locaux a été entendu à Paris. L’ADF salue aussi le virage du gouvernement. L’association estime avoir été entendue sur son opposition aux projets de fusion métropoles-départements du gouvernement. En fin de semaine dernière, Jacqueline Gourault a reconnu que Lille, comme Nantes, n’étaient plus dans le viseur mais l’ADF s’attend à ce que les autres projets de Bordeaux, Nice ou Toulouse subissent le même sort.

Les départements se disent prêts à reprendre les négociations de la réforme du financement des aides sociales après  le psychodrame de la fin juin . L’Etat proposait notamment un fonds de péréquation de 200 millions d’euros annuels et devait rajouter une enveloppe pour soutenir l’accueil départemental des mineurs étrangers isolés (500 euros par jeune à évaluer notamment).

Trois semaines

Sur ce dernier point, Dominique Bussereau dit attendre une rallonge pour absorber l’afflux de jeunes migrants via la frontière espagnole. « Nous risquons d’avoir 40 à 45.000 mineurs en fin d’année contre 25.000 en 2017 », précise-t-il. L’ex-ministre des Transports donne trois semaines au gouvernement pour caler la réforme d’ici au congrès de l’ADF le 8 novembre à Rennes. « Nous exigeons que les mesures figurent au projet de loi de finances 2019 », insiste-t-il.

Ce réchauffement reste toutefois fragile. Car si le gouvernement a réinstauré le dialogue avec deux des trois associations fondatrices de l’appel de Marseille, les relations glaciales avec l’Association des Maires de France perdurent. Cette dernière a refusé de rencontrer le gouvernement la semaine dernière. « Nous n’aurons pas d’autres échanges d’ici le congrès des maires en novembre », anticipe Philippe Laurent, secrétaire général de l’AMF. Pour lui, ce n’est pas quelques centaines de millions d’euros que lâchera l’exécutif qui résoudront la cassure avec les élus locaux. « Il y a une divergence culturelle sur la vision de la décentralisation », regrette-t-il.

Enfin, d’après nos informations, il est probable que les négociations avec les départements sur les aides sociales repartent sur des bases différentes. Alors que Jean-René Lecerf, président LR du Nord pense – comme Dominique Bussereau – que la base de discussion restera le déplafonnement de 0,2 point du taux des frais de notaire (DMTO) pour alimenter un fonds de solidarité envers les départements les plus en difficulté, Matignon semble avoir définitivement enterré cette piste évoquée en juin.


Continuer à lire sur le site d’origine