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Carburants : comment l’exécutif veut sortir de la crise des « gilets jaunes »

Le temps presse. A six jours de l’appel au blocage du mouvement des gilets jaunes, le gouvernement va tenter ce lundi de trouver un plan de dernière minute pour désamorcer cette fronde fiscale. Une réunion se tient ainsi à Matignon avec quelques ministres de poids, dans le but d’aboutir à des arbitrages définitifs sur les mesures visant à adoucir la facture provoquée par la  hausse de presque 3 milliards d’euros de la fiscalité énergétique l’an prochain.

L’exécutif promet un effort conséquent. « Ce sera quelques centaines de millions », assure une source parlementaire de la majorité. Le chiffre de 400 à 500 millions d’euros (dont 200 millions liés à des mesures déjà prévues sur le chèque énergie) a circulé en fin de semaine, mais « il est difficile de donner un chiffre précis tant que les arbitrages n’ont pas été rendus », indique-t-on à Matignon.

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Renforcement de la prime à la conversion

Il faut dire que le gouvernement planche sur de multiples scénarios, qui peuvent faire varier le montant de la facture. Il y a d’abord le problème posé aux automobilistes. L’idée un temps avancée  de revoir le barème de la prime kilométrique a finalement été écartée. « Ca n’aurait pas permis de toucher les ménages non imposables », souligne un proche du dossier. A la place, le gouvernement mise donc une nouvelle fois sur un renforcement de la  prime à la conversion, déjà modifiée à la marge mi-octobre pour calmer les premiers signes de contestation.

Cette aide est versée aux automobilistes mettant à la casse de vieux véhicules polluants (essence d’avant 1997 et diesel d’avant 2001) pour racheter un véhicule (neuf ou d’occasion) moins gourmand en énergie. « Normalement, cette prime aurait dû s’éteindre de facto fin 2019. Nous voudrions la rallonger d’un an ou deux pour changer un million de véhicules sur le quinquennat, contre déjà plus de 250.000 rien que pour 2018 », souligne un membre de l’équipe gouvernementale.

Aider les « gros rouleurs »

Surtout le gouvernement cherche un moyen d’assouplir les critères pour les « gros rouleurs ». « Pour tous ceux qui conduisent plusieurs dizaines de milliers de kilomètres par an, il serait permis de bénéficier de la prime même pour des véhicules plus récents », explique Bénédicte Peyrol, coordinatrice du groupe LREM à l’Assemblée nationale.

Vérifier que tel ou tel conducteur est bel et bien un gros rouleur paraît relever du prodige technocratique, même si Matthieu Orphelin, député LREM spécialiste des questions écologiques, juge cela possible « en s’appuyant sur les frais kilométriques déduits des impôts par les plus gros rouleurs ». L’idée est en tout cas saluée par la Fondation pour la nature et l’homme (FNH, ex-Fondation Nicolas Hulot). « Cela permettrait de sortir du parc des véhicules diesel des années 2001 à 2006, très polluants », juge Kévin Puisieux, son responsable des questions économiques.

Enfin, toujours pour les automobilistes, François de Rugy, ministre de la Transition écologique, a laissé entendre vendredi que  l’aide aux transports proposée par les Hauts de France (20 euros par mois pour les salariés modestes travaillant à plus de 30 km de leur domicile) pourrait être répliquée sur l’ensemble du territoire par l’Etat.

Le chèque énergie élargi

Le deuxième front concerne la facture d’énergie des ménages modestes. « C’est en réalité le problème le plus sensible, particulièrement pour ceux se chauffant au fioul », reconnaît un membre de l’équipe gouvernementale. Un dispositif d’aide existe déjà –  le chèque énergie – dont le montant moyen devait passer de 150 à 200 euros en 2019. « Nous réfléchissons à augmenter le montant, mais aussi à élargir le nombre de ménages concernés (3,7 millions aujourd’hui) », poursuit cette source.

Pour Kévin Puisieux de la FNH, ce paquet d’annonces envisagées « n’a rien d’anodin et semble répondre pour partie à l’urgence de la situation ».


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