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Le gigantisme du marché de l’or de Londres révélé au grand jour

Le marché londonien de l’or est un monstre. Pour la première fois de son histoire commencée à la fin du XVIIe siècle, sa dimension exacte vient d’être révélée. Selon la London Bullion Market Association (LBMA), qui supervise le marché, 939 tonnes ont changé de mains en moyenne chaque jour la semaine dernière. L’équivalent de 36,9 milliards de dollars (32,3 milliards d’euros).

Pour comparer, c’est à peine moins que le volume négocié sur les « gilts » – les obligations britanniques -, mais plus que les échanges qui ont eu lieu sur Facebook, Apple, Amazon, Netflix et Google réunis quotidiennement depuis le début de l’année, d’après les calculs de Bloomberg. En extrapolant, près de 245.000 tonnes passent donc par Londres chaque année, soit plus de 9.500 milliards de dollars. De janvier à décembre, il se négocie ainsi plus d’or outre-Manche… qu’on en a extrait sur Terre, à savoir 190.040 tonnes, selon le Conseil mondial de l’or (CMO).

« Quelqu’un peut-il citer une seule activité économique dont le négoce artificiel excède l’activité économique physique réelle dans une disproportion aussi folle ? Le marché mondial de la joaillerie ne consomme que 90 milliards de dollars d’or par an », a réagi sur Twitter le fondateur de la plate-forme de courtage en métaux précieux Goldmoney, Roy Sebag.

New York, un marché encore plus gros

Pour autant, certains avaient imaginé que ce puissant marché de gré à gré serait encore plus démesuré. Le CMO, qui s’appuyait sur des évaluations datant de quelques années faute de mieux, estimait qu’il pouvait s’y négocier entre 100 et 200 milliards de dollars. Le CMO devrait revoir sa copie et publier un rapport d’ici à quelques jours.

Au final, la semaine dernière, le marché à termes Comex, à New York, a fait mieux que Londres, puisque le trading de l’or y a totalisé 34 millions d’onces. Certes, la LBMA qui compte 13 « market makers », dont BNP Paribas et la Société Générale, et 45 « trading makers », souligne que ce chiffre annoncé n’est qu’un instantané. Pour avoir une vision d’ensemble, il faudra regarder au fur et à mesure les « données fiables » qu’elle s’est engagée à publier désormais tous les jours une fois qu’elle aura trois mois de données.

Pour faire taire les critiques liées, ces dernières années, notamment aux soupçons de manipulations des cours de l’or et de l’argent, le marché londonien de l’or a entrepris de se montrer plus transparent. L’an dernier, l’association a levé le voile pour la première fois sur les quantités d’or conservé dans les coffres-forts de la capitale britannique.

Face à la concurrence de places comme New York et Shanghai, avec le Shanghai Gold Exchange, Londres a aussi dû se moderniser pour attirer de nouveaux investisseurs. Depuis 2017, il est ainsi possible de négocier des contrats à terme sur l’or au London Metal Exchange (LME).


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