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Les syndicats s’affichent unis avant la réunion avec le gouvernement

Un chef de l’Etat qui, après les avoir ignorés, demande aux syndicats « de lancer un appel clair et explicite au calme » ; puis l’Elysée qui affirme craindre « un noyau dur de plusieurs milliers de personnes » qui viendraient à Paris « pour casser et pour tuer ». Interpellés par un exécutif affaibli en proie à la panique, les syndicats ont refusé d’entrer dans la polémique sur les dangers de l’acte IV de la mobilisation des « gilets jaunes »  ce samedi. Réunis au siège de la CFDT ce jeudi matin,  ils ont adopté une déclaration pour l’essentiel centrée sur les discussions devant être lancées ce vendredi au ministère du Travail avec les partenaires sociaux, en présence de pas moins de six membres du gouvernement.

De réelles négociations

Une signature seulement a manqué au texte adopté après une heure et demie de discussion : celle de Solidaires parce qu’il ne prévoit pas « une journée d’initiative rapide pour construire le rapport de force », ont expliqué ses porte-parole, Cécile Gondard Lalanne et Eric Beynel, seuls à s’exprimer à la sortie de la rencontre.

A destination des « gilets jaunes » qui ont « permis l’expression d’une colère légitime », la déclaration paraphée par la CFDT, la CGT, FO, la CGC, la CFTC, l’UNSA et la FSU rappelle que depuis de longs mois, les syndicats « ont réclamé des politiques publiques permettant de la justice sociale ». Elle ajoute que le gouvernement, « avec beaucoup de retard, a enfin ouvert les portes du dialogue ». Les syndicats « s’y engageront » à condition que le gouvernement « garanti [sse] enfin de réelles négociations… larges, ouvertes et transparentes », dit le texte.

Faiblesse

La déclaration liste aussi les sujets à mettre à l’ordre du jour – pouvoir d’achat, salaires, logement, transports, services publics, fiscalité. Mais elle ne va pas au-delà. Elle se contente de dire que chaque syndicat ira à la discussion « avec ses propres revendications et propositions, en commun chaque fois que cela sera possible ».

C’est une faiblesse certaine en comparaison du  patronat qui, lui, a déjà commencé à entrer dans le vif du sujet via Bruno Le Maire. Le ministre de l’Economie et des Finances, qui n’est pas convié à la rencontre ce vendredi et cherche manifestement à compter sur le dossier, a évoqué  l’idée d’une prime facultative défiscalisée à la main des entreprises que leurs représentants ont bien accueillie.

Sur la violence, les syndicats ont fait sobre : « Le dialogue et l’écoute doivent retrouver leur place dans notre pays. C’est pourquoi nos organisations dénoncent toutes formes de violence dans l’expression des revendications », affirme l’intersyndicale presque à la fin de son texte.

Poussée de fièvre

Cela n’a pas empêché une poussée de fièvre au sein de FO et, surtout, de la CGT du fait de l’absence de condamnation de la « violence policière ». Déjà mis en cause par les durs de la centrale pour avoir initié la rencontre de jeudi avec la CFDT (avec laquelle ils refusent toute relation), son numéro un, Philippe Martinez, a aussitôt été mis sous pression alors que se profile son congrès dans trois mois. Et moins de trois heures après la publication du texte, la CGT annonçait qu’elle n’irait pas à la réunion de vendredi au ministère du Travail.


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