Economie

À Saint-Fons, Symbio veut une usine neutre en carbone

Lundi, Septembre 6, 2021 – 23:00

Cet été, le projet d’usine de Symbio, fabricant de piles à hydrogène, a franchi plusieurs étapes clés. Après l’acquisition en avril d’un terrain de 8 hectares auprès de BASF, à Saint-Fons, et l’achat d’un ancien bâtiment de Solvay (qui sera réhabilité pour y installer le siège social), la signature de l’acte définitif et le dépôt du permis de construire de ce vaste ensemble ont eu lieu courant juillet.

Sur ce site qui abritera 23.000 m² de plancher, la filiale à 50/50 de Michelin et Faurecia a prévu de produire en série, dès la fin 2023, 20.000 systèmes à hydrogène par an, avant de monter rapidement en capacité pour atteindre les 50.000 unités. Il s’agira alors de la plus grande usine européenne de systèmes hydrogène pour véhicules : « Notre ambition à horizon 2030 est d’atteindre les 200.000 systèmes par an », ambitionne son Pdg, Philippe Rosier. Un objectif qui passera par la construction d’autres sites de production, en Asie et aux États-Unis.

Philippe Rosier espère « atteindre la parité par rapport au diesel ». Et pour cela, il en est conscient, il « faudra apporter tous les avantages du thermique à des coûts similaires. Je pense que cela sera possible par la massification des flottes roulant à l’hydrogène, en visant des acteurs importants ».

La question de l’hydrogène vert

Symbio peut compter sur « le cœur de son expertise », à savoir sa R & D et ses 300 chercheurs qui « travaillent déjà sur les systèmes de demain, ceux qui sortiront en 2030 », avance Philippe Rosier qui souhaite par ailleurs faire de Saint-Fons « un site neutre en carbone dès son démarrage ». L’objectif nécessitera de travailler uniquement avec de l’hydrogène vert, fabriqué à partir d’eau et d’électricité issue d’énergies renouvelables.

Les quantités d’hydrogène nécessaires à Symbio ne seront pas négligeables : « Au début, nous aurons besoin d’une tonne par jour, puis très vite de cinq tonnes. » Pour son approvisionnement, la société discute notamment avec la CNR qui, dans le cadre du consortium public-privé Lyon Rhône H2V (*), travaille avec Engie sur un électrolyseur à horizon 2024 pour la fabrication de cet hydrogène à partir de l’énergie produite par le barrage hydroélectrique de Pierre-Bénite. Un projet à plusieurs dizaines de millions d’euros qui impliquerait également la création d’un pipeline d’hydrogène pour alimenter les sites en question. Symbio compte aussi s’équiper de panneaux photovoltaïques en toiture et de systèmes de récupération de l’électricité fatale qui sera recyclée pour la transformer en hydrogène…

Un centre de formation

S’il reste des points importants à régler, le projet n’en reste pas moins une bonne nouvelle pour Lyon. Dès 2023, le site de Saint-Fons devrait représenter 1.000 emplois directs et indirects dont 300 en production. L’investissement, qui s’élève à 140 millions d’euros, conforte la place de Lyon et de sa Vallée de la Chimie, en tant que place forte de l’industrie… et peut-être aussi de l’hydrogène. Symbio vient de voir la Symbio Hydrogen Academy reconnue comme organisme de formation… 300 personnes y seraient formées chaque année.

(*) Le consortium public-privé LYON RHÔNE H2V, constitué de la Métropole de Lyon et d’une dizaine d’industriels de la plateforme Lyon Vallée de la Chimie, est candidat à l’appel à projets « Ecosystèmes territoriaux hydrogène » de l’Ademe. Son objectif ? Constituer un cadre fédérateur permettant de rassembler l’écosystème lyonnais engagé dans la décarbonation industrielle via des projets de production, distribution et consommation d’hydrogène vert. Chaque jour, les industriels de la Vallée de la Chimie consomment 50 tonnes d’hydrogène conventionnel. Son premier consommateur est le groupe Domo Chemicals. Un autre industriel, Air Liquide, en fabrique à Saint-Fons.

Cet article a été publié dans le numéro 2465 de Bref Eco.

Chimie
SYMBIO (Ex-Symbio FCELL)
MICHELIN (MANUFACTURE FRANÇAISE DES PNEUMATIQUES)