Economie

La méditation est-elle le nouveau refuge des cadres stressés ?

Notifications instantanées, tweets incendiaires, emails urgents. Dans l’entreprise, les sources de distraction ne manquent pas. D’où la théorie de l’économie de l’attention, où diverses sources se partagent notre attention, ressource devenue rare. Des sources de stress aussi. Qui nuisent à la santé. Qui diminuent notre productivité. Qui créent des conflits.

Face à ce va-et-vient de pensées, une nouvelle tendance gagne du terrain : la méditation de pleine conscience (mindfulness). La technique a été popularisée à la fin des années 1970 par l’Américain Jon Kabat-Zinn. La vocation initiale de la méthode était la réduction du stress. Mais la pratique de la méditation a des racines plus anciennes. On retrouve des formes de méditation dans des religions comme le bouddhisme, depuis des millénaires.

Dans sa version la plus simple, l’exercice consiste à fermer les yeux et à se focaliser sur sa respiration. S’y ajoute une série de variantes, où l’esprit se focalise sur différentes parties du corps, sur les cinq sens, sur une image mentale. En permanence, l’esprit tend à s’échapper, à revenir au flux des pensées quotidiennes. Calmement, le pratiquant le ramène à l’instant présent.

Conscience altérée

La pleine conscience ne laisse pas de marbre le milieu des affaires américain. Entrepreneurs, CEO, politiques, les adeptes ne manquent plus. Les médias américains ne cessent de faire l’éloge de la pratique.

La méditation permet d’atteindre un état de conscience altérée. À mi-chemin entre l’éveil et le sommeil. Proche de l’état d’hypnose, une technique avec laquelle elle partage certaines similarités.

Des spécialistes de la conscience, comme le professeur Steven Laureys à l’Université de Liège, se sont intéressés au phénomène. La méditation, c’est bon pour le cerveau, titrait l’un des livres du neurologue. Des bénéfices qu’il est allé jusqu’à vérifier, grâce à l’imagerie par résonance magnétique, dans le cerveau de pratiquants assidus.

Et les bénéfices de la méditation ne s’arrêtent pas à la gestion du stress. Leadership, capacité d’écoute, connaissance de soi. Ces moments de pause permettent de prendre du recul.

Fitness de l’esprit

La pratique est devenue tellement populaire que certains s’en inquiètent. La Ligue française des droits de l’homme allant même jusqu’à publier un communiqué alarmiste dénonçant, au nom du principe de laïcité, l’introduction de la technique dans le programme de certaines écoles.

C’était peut-être ignorer que la pleine conscience a pris ses distances par rapport à la religion. Car cette pratique s’apparente plus à du « fitness de l’esprit », avec ses règles et son apprentissage, qu’à une expérience mystique.

Méditer s’apprend. Même si une sensation de calme peut être perceptible immédiatement, il faut des semaines, des mois, voire des années pour maîtriser pleinement la technique. Des applications, comme Calm ou Headspace, offrent des programmes préenregistrés. Des centres de méditation, comme Mind Collective à Bruxelles, ont aussi vu le jour.

Preuve, s’il en faut, qu’il n’est plus nécessaire de s’isoler pendant des mois dans un temple tibétain pour retrouver un îlot de calme !