Economie

« Ce n’est pas le train qui est trop cher, c’est l’avion qui ne l’est pas assez »

Le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, a appelé mercredi à davantage taxer le transport aérien et routier, à la mesure de leur impact sur le climat, et demandé plus d’investissements publics dans le réseau ferroviaire.

« Ce n’est pas le train qui est trop cher, c’est l’avion qui ne l’est pas assez », a-t-il expliqué devant la commission du développement durable de l’Assemblée nationale, après avoir été interrogé sur la cherté de billets de train par rapport à la voie aérienne sur certaines destinations en France.

« Est-ce qu’on impute au billet d’avion le coût de son impact carbone ou pas ? », a-t-il demandé. « Moi je ne comprends pas pourquoi les compagnies aériennes sont exemptées de toute taxe sur le kérosène. Moi, je paie des taxes, sur mon énergie, sur mon gazole je paie des taxes… »

M. Farandou a aussi regretté que le transport routier de longue distance européen soit exempté de toute taxe carbone.

« Si j’avais un souhait à formuler, ça serait une réflexion sur un élargissement de la fiscalité carbone à l’ensemble de l’activité de transport », a-t-il résumé.

« Le réseau doit être adapté »

Quant au réseau ferroviaire, il « doit être adapté » pour pouvoir transporter dans une dizaine d’années deux fois plus de voyageurs et de marchandises, a-t-il dit. La régénération – « c’est le mot barbare pour dire remplacer des rails vieux par des rails neufs », a-t-il expliqué – est assurée grâce au contrat de performance que doit signer SNCF Réseau avec l’Etat.

« Par compte, la modernisation (…) n’est pas financée », a-t-il regretté. « Si vraiment on le veut ce ‘fois 2’, en fret comme en voyageurs, il faudra de l’argent sur le réseau. »

Le gouvernement a fait sienne l’ambition de doubler la part du fret ferroviaire en dix ans, mais n’a pas donné d’objectif chiffré pour les voyageurs.

« Il faut une cohérence entre les ambitions du ferroviaire liées aux défis climatiques et aux ressources qu’on pourra déployer », a souligné M. Farandou, évoquant l’éventualité de recettes fiscales dédiées comme en Suisse ou pour le métro du Grand Paris.

« Le débat démocratique pour le moment est assez peu sur ces sujets. Il me tarde qu’enfin on parle de transition écologique, parce que bien sûr on mettra en avant les avantages du ferroviaire », a affirmé le patron de la SNCF.