Economie

Dépendance énergétique de l’Europe vis-à-vis de la Russie : vers la fin du monopole de Gazprom

Le président a ordonné au gouvernement de soumettre d’ici mars 2022, avec Rosneft et Gazprom, une proposition de livraison de dix milliards de mètres cubes de gaz, selon l’agence russe Intefax.

Interrogé à ce sujet, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a répondu que « ce sujet est effectivement en cours d’élaboration au gouvernement« .

Le géant public Rosneft (dont le britannique BP détient près de 20 %) est le premier groupe pétrolier russe.

Flambée des prix du gaz : une opportunité saisie

Igor Setchine, puissant patron de Rosneft et proche de Vladimir Poutine, a demandé plusieurs fois au président russe de lever le monopole de Gazprom sur les livraisons de gaz par gazoduc à l’Europe, profitant de la flambée des prix du gaz.

L’Europe, dont un tiers du gaz provient de Russie, est confrontée depuis des mois à une envolée des prix gaziers, sur fond de demande en hausse du fait de la reprise économique avec l’amélioration de la situation épidémique liée au Covid-19.

Si Gazprom remplit ses obligations contractuelles vis-à-vis de l’Europe, le groupe ne remplit pas au maximum ses gazoducs.

Certains pays ont imputé la hausse des prix en partie à Moscou, accusée de chercher à accélérer la mise en service du gazoduc controversé Nord Stream 2. La Russie dément et met en cause en retour les décisions européennes.

Ouvrir les gazoducs de Gazprom à Rosneft permettrait à la Russie de se conformer aux directives européennes sur l’énergie, selon lesquelles les fournisseurs de l’Europe ne peuvent contrôler à la fois les produits livrés et l’infrastructure de livraison. Cela présente un obstacle pour Gazprom, qui attend notamment le feu vert allemand pour la mise en service de Nord Stream 2. Le pipeline a été achevé, mais attend toujours la certification des autorités nationales. Bruxelles, elle aussi, doit encore l’approuver. Les experts estiment qu’il pourrait donc s’écouler des mois avant que le gaz n’arrive par le biais de Nord Stream 2.

Flambée des prix du gaz à cause de la tension entre les États-Unis et la Russie

Par ailleurs, le prix du gaz naturel a fortement augmenté en Europe, en raison des menaces de sanctions économiques sévères proférées par le président américain Joe Biden à l’encontre de la Russie, important fournisseur de gaz. Washington craint que les Russes ne préparent une invasion de l’Ukraine.

Le prix du gaz sur la principale Bourse néerlandaise pour le gaz a augmenté de 7 % mardi à 15H00 pour atteindre 96,07 euros par mégawattheure. Début octobre, le prix du gaz avait culminé à plus de 160 euros en raison de la forte demande de gaz naturel.

Le mois dernier, le président russe Vladimir Poutine avait promis de commencer à livrer du gaz supplémentaire à l’Europe mais Gazprom n’a pas encore commencé à le faire. Les stocks sont désormais bien inférieurs aux niveaux normaux. Gazprom a déclaré à plusieurs reprises qu’il s’en tiendrait à ses obligations de livraison à l’Europe. Moscou a répété qu’elle serait en mesure de fournir davantage de gaz à l’Europe si l’utilisation du gazoduc Nord Stream 2 était approuvée.