Economie

Qui est Axel Lehmann, le nouveau président de Credit Suisse ?

Axel Lehmann, un banquier suisse reconnu pour son expertise dans la gestion des risques, se retrouve propulsé à la barre de Credit Suisse avec la lourde tâche de stabiliser la deuxième banque du pays secouée par les scandales.

Agé de 62 ans, cet ancien cadre dirigeant de la banque concurrente UBS reprend la présidence de Credit Suisse avec « effet immédiat » après la démission de son prédécesseur, le banquier Portugais Antonio Horta-Osório, éclaboussé par des révélations autour des règles de quarantaine qu’il avait enfreintes.

Le conseil d’administration a mis en avant sa « vaste expérience » du secteur financier tant en Suisse qu’au niveau international.

Titulaire d’un doctorat en économie et administration des entreprises de la prestigieuse université de Saint-Gall, où il enseigne actuellement en tant que professeur associé, M. Lehmann est un fin connaisseur de la place financière suisse.

Après avoir débuté sa carrière chez l’assureur Swiss Life, il avait rejoint en 1996 l’assureur Zurich Insurance où il a occupé diverses fonctions, y dirigeant notamment les activités de la société en Europe du Nord, en Allemagne, puis pour l’ensemble de l’Europe continentale avant de mettre le cap pendant trois ans sur l’Amérique du Nord.

A partir de 2009, il s’était vu confier le poste de directeur de la gestion des risques qu’il a occupé pendant six ans.

Administrateur depuis octobre

Il était également membre du conseil d’administration d’UBS depuis 2009 en tant que membre du comité de gestion des risques, puis du comité de gouvernance et de nomination. En 2016, il avait finalement quitté Zurich Insurance pour rejoindre l’équipe de direction d’UBS où il a dirigé la branche suisse de la banque, qui englobe ses activités de banque de détail dans le pays alpin, de 2018 à début 2021.

Six mois après son départ d’UBS, sa candidature avait été proposée pour le conseil d’administration de Credit Suisse alors que M. Horta-Osório, arrivé aux commandes fin avril, entendait mettre l’accent sur la gestion des risques après la faillite de la société britannique Greensill et l’implosion du fonds américain Archegos qui ont secoué la banque en mars, à quelques semaines d’intervalle.

M. Lehmann avait été élu début octobre en tant que président du comité de gestion des risques.

Dans le communiqué annonçant qu’il prenait finalement la suite de M. Horta-Osório à la présidence, M. Lehmann s’est inscrit dans la continuité de son prédécesseur qui avait dévoilé début novembre son programme stratégique, prévoyant notamment de réduire la voilure dans la banque d’investissement.

« Nous avons défini la bonne voie avec la nouvelle stratégie », a-t-il déclaré selon le communiqué, disant vouloir mettre en oeuvre ce programme de manière « disciplinée ».

Attendre de voir

« Ce qui plaide en faveur » de M. Lehmann, « c’est qu’il a acquis une expertise dans la gestion des risques », a commenté l’organisation actionnariale Actares dans un courriel aux journalistes de l’AFP.

L’organisation actionnariale a dit ne pouvoir qu’une « fois de plus espérer » que Credit Suisse s’engage sur une voie « crédible », mais « nous n’en aurons la certitude que lorsque les mois auront à nouveau passé », a précisé sa porte-parole, Karin Landolt.

Le verdict est similaire chez les analystes financiers. Dans un commentaire boursier, Michael Kunz, analyste à la banque cantonale de Zurich, a estimé qu’il faudra attendre avant de voir si M. Lehmann parvient à ramener la banque « rapidement » dans « des eaux plus calmes » au vu « des nombreuses tentatives » ces dernières années.

Outre la faillite de la société Greensill dans laquelle quelque 10 milliards de dollars avaient été engagés et l’implosion d’Archegos qui a coûté plus de 5 milliards de dollars à la banque, Credit Suisse a été sanctionnée l’an passé pour ses prêts au Mozambique.

En février 2020, son ancien directeur général, le Franco-Ivoirien Tidjane Thiam, avait aussi démissionné après un scandale autour de filatures d’anciens employés.