Economie

L’œil du marché : « Avec une guerre aux portes de l’Europe, le risque de ‘stagflation’ a clairement augmenté »

Le Bourse de Paris reculait de 1,20 % jeudi peu après l’ouverture, temporisant ses gains de la veille après plusieurs séances de fortes variations en raison des inquiétudes sur l’évolution et les répercussions du conflit russo-ukrainien. A 09H17, l’indice vedette CAC 40 cédait 76,43 points à 6.311,40 points. Mercredi l’indice parisien avait bondi de plus de 7 %, sa plus forte hausse depuis l’annonce d’un vaccin contre le Covid-19, profitant d’achats à bas prix.

L’indice Dax de la Bourse de Francfort perdait quant à lui 1,88 % à 13 587.18 points, vers 9H30 (8H30 GMT). Le FTSE-100 de la Bourse de Londres affichait -0,91 % à 7 125.14 points et le Bel 20 de la Bourse de Bruxelles -1,08 % à 3 842.93 points.

De l’avis des analystes, ce rebond n’était pas fondé sur des éléments tangibles permettant d’espérer une sortie de crise entre l’Ukraine et la Russie.

En Ukraine, les combats ne faiblissent pas, un hôpital pédiatrique a été visé par des bombardements à Marioupol et l’armée russe se rapprochait jeudi de Kiev. Les ministres des Affaires étrangères des deux pays vont se réunir pour des discussions en Turquie, pour la première fois depuis le début de l’invasion.

En plus des informations sur le front ukrainien, les investisseurs suivront attentivement la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne, la première depuis le début du conflit, et la publication de l’indice américain des prix à la consommation.

La BCE avait ouvert en février la voie à une « normalisation » de sa politique après deux ans de soutiens massifs à l’économie face à la pandémie de Covid-19. Les analystes misaient sur un possible relèvement, en fin d’année, des taux directeurs, toujours historiquement bas.

Stagflation ?

Mais avec une guerre aux portes de l’Europe et les sanctions prises contre la Russie, le risque de « stagflation », combinaison redoutée d’inflation et de stagnation économique, a « clairement augmenté », observe Carsten Brzeski, économiste à ING.

Pour Christopher Dembik, directeur de la Recherche macroéconomique chez Saxo Bank, le défi auquel fait face la BCE est « encore plus important que la Covid ».

« En mars 2020, la banque centrale avait les outils pour intervenir et rassurer. En mars 2022, elle est démunie face à la guerre en Europe et à ses conséquences directes », explique-t-il.

En ajoutant que « l’inflation en zone euro est essentiellement une inflation importée, ce qui signifie qu’une hausse des taux n’aura qu’un effet marginal pour l’endiguer. »

Sur les marchés des matières premières, le pétrole repartait à la hausse après une chute la veille.

Par ailleurs, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE sont réunis pour deux jours à Versailles pour poser les fondations d’une Europe plus souveraine après le choc de l’invasion russe en Ukraine qui a exposé ses faiblesses.