Economie

L’horloger suisse Swatch Group s’approvisionne à 80 % avec l’or de son propre stock

L’horloger suisse Swatch Group, propriétaire notamment des marques Tissot, Longines et Omega, compte sur ses propres stocks pour son approvisionnement en or, a déclaré jeudi son directeur général face aux risques de perturbations des matières premières avec le conflit en Ukraine.

« Le groupe a beaucoup de stock », a affirmé Nick Hayek, son directeur général, lors de la conférence de presse annuelle au siège à Bienne en Suisse, soulignant que le groupe a « toujours veillé à ne pas être dépendant d’une seule source » pour se fournir en or et en métaux précieux.

Quelque 80 % de l’or utilisé pour la fabrication de ses montres vient de son propre stock, a-t-il détaillé, précisant que le groupe s’est doté d’une importante filière pour recycler ce coûteux matériaux et le réintégrer sa dans sa chaine de production. Les 20 % restants viennent de fournisseurs en Australie et aux Etats-Unis.

« Nous n’avons pas de source (d’approvisionnement) pour l’or en Russie », a-t-il affirmé. « Il y aura peut-être un impact sur les prix à long terme. Ils vont monter. Mais pour nous, il n’y a pas de conséquences », a-t-il assuré.

Outre le gaz et le pétrole, la Russie est un important fournisseur d’or, de diamants et de métaux précieux. Bien que les échanges entre la Suisse et la Russie soient modestes, l’or est le premier produit importé de Russie, devant les métaux précieux comme le platine, suivi des diamants non montés ni sertis, selon les données fournies par l’office fédéral de la douane à l’AFP.

En 2021, les importations d’or en provenance de Russie se montaient à 928,8 millions de francs suisses (894,3 millions d’euros). Connu pour ses montres en plastique multicolores, le groupe Swatch est également propriétaire de nombreuses marques horlogères, qui englobent notamment des montres de prestige et de haute joaillerie, tels que Breguet, Blancpain et Harry Winston.

Impact des confinements en Chine

La semaine passée, le groupe suisse a fermé ses boutiques en Russie après avoir déjà suspendu ses exportations vers le pays la semaine précédente.« La Russie ne représente qu’un pourcentage très faible à un chiffre de l’ensemble du chiffre d’affaires », a précisé son neveu, Marc Hayek, qui dirige les marques de très grand luxe du groupe.

« La reprise du Covid en Chine est quelque chose qui a économiquement plus d’influence directe que la situation en Russie », a-t-il expliqué en évoquant les ventes du pôle luxe alors que le président chinois Xi Jinping a ordonné de poursuivre la politique du zéro Covid face au regain de l’épidémie.

La Chine est un des plus grands marchés pour le secteur horloger suisse, y compris pour le groupe Swatch. En 2021, ses ventes dans la zone Grande Chine se montaient 3 milliards de francs suisses, soit 42 % du chiffre d’affaires annuel du groupe, selon rapport annuel.« Momentanément, nous avons des boutiques qui sont fermées », a reconnu Nick Hayek. « Alors oui, cela nous affecte. Mais cela n’est rien qui ne puisse pas être rattrapé quelques semaines plus tard », a-t-il voulu rassurer.

En 2020, la Chine avait été le seul marché en croissance pour les exportations horlogères suisses dans leur ensemble, une partie des achats se reportant sur les boutiques locales faute de pouvoir voyager. Selon les statistiques de la fédération horlogère, les exportations de montres suisses vers la Chine avaient progressé de 20 % en 2020, avant d’enchaîner sur une hausse de 23,9 % en 2021.