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Les photos de famille de Youssoupha

Le rappeur Youssoupha sort un nouvel album engagé « Polaroïd experience ». © FIFOU

Avec Polaroïd experience, Youssoupha revient sur son parcours et livre une vision tranchée du rap comme de son rapport au monde. Toujours aux antipodes du bling-bling, il signe un cinquième album engagé et de haute tenue. 

La pochette sépia annonce déjà le programme. Dans cet album de famille, Youssoupha va remonter le fil de sa vie et en reprendre chaque étape. « La musique c’est un monde, j’ai dû prendre de la bouteille/J’ai dû me faire un nom, pour reprendre le pouvoir/Avant ils m’appelaient le fils de Tabu Ley/Maintenant pour appeler Tabu Ley, ils disent le père de Youssoupha », glisse-t-il, dès l’ouverture de Polaroïd experience. Le fils de l’une des légendes de la rumba congolaise évoque ensuite sa propre paternité et ce qu’elle représente pour lui. 

Ce tableau d’un quadragénaire, aimant avec les siens et assumant de « devenir vieux », n’étonnera pas ceux qui suivent le rappeur originaire de République démocratique du Congo (RDC). Chantre d’un hip hop résolument positif, Youssoupha a toujours inscrit ses mots dans le rap engagé plutôt que dans les clashs. S’il faut choisir son camp, alors il a opté pour la paix, l’amour, l’unité, assurant même : « Tout est parti en couille quand le rap conscient est devenu une insulte. » (Le jour où j’ai arrêté le rap)

Rapper son africanité 

On pourrait craindre un propos lisse, parce que prenant justement le contre-pied de ce qui se veut vendeur. Mais c’est la performance de Youssoupha de ne pas lâcher un pouce sur ses convictions, qu’il dénonce l’argent roi ou les violences policières. « Pas de solution dans nos rues quand les condés frappent man/A part chanter la révolution à la Tracy Chapman/Bien sûr que je m’échappe man/À des kilomètres, j’fais du rap man/Noire musique, je n’ai pas de maître/Musique nègre, ça rend nerveux », dit-il sur Alleluia

Rappant sa « négritude » dans les pas d’Aimé Césaire et son africanité, il ne manque jamais de chanter en lingala. Sur la forme, ce disque est plutôt aérien et l’auto-tune est utilisé avec parcimonie. Il y a autant de références au rap old school, de productions électro que de clins d’œil à l’afro-trap (M’en aller, Mourir ensemble).  Si on regrettera quelques morceaux un brin sucrés, ce n’est cependant pas l’essentiel. 

Avec Polaroïd experience, Youssoupha signe un album de haute tenue, dont on retiendra aussi le propos posé. Ce qu’on attendrait volontiers d’autres rappeurs ayant passé le cap de la quarantaine… suivez mon regard.  

Youssoupha Polaroïd experience (Bomayé Musik) 2018

Page Facebook de Youssoupha

À écouter sur rfi.fr : Polaroïd experience, le 5e album de Youssoupha


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