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Les notes croisées de Louis Chedid et Yvan Cassar

Yvan Cassar et Louis Chedid. © Audouin Desforges

Avec En noires et blanches, Louis Chedid revisite douze chansons de son répertoire sur son premier album en formule piano-voix. Un bijou d’élégance et de douceur concocté en tandem avec le pianiste, chef d’orchestre et arrangeur Yvan Cassar, qui interprète chaque morceau au piano. Nous les avons rencontrés à Paris.

RFI Musique : Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire un disque tous les deux ?
Louis Chedid :
On se tournait autour depuis pas mal d’années. On avait déjà un peu travaillé ensemble. Et quand ma maison de disque m’a proposé de faire un album piano-voix, j’ai tout de suite pensé à lui. Je l’ai appelé, il a dit oui. Il paraît même qu’il a dit à quelqu’un de son entourage : « c’est obligatoire que je le fasse ! »
Yvan Cassar : Je confirme ! (Rires) On se connaissait et je savais qu’on était compatibles. Rien n’est jamais gagné quand on commence un travail, mais avoir une sensibilité commune et se connaître, c’est un avantage. On gagne du temps, on a confiance, on peut se libérer. Je n’avais jamais fait un projet complet autour du piano. Les chansons de Louis sont superbes. Beaucoup ont été composées à la guitare, le geste naturel n’était pas autour du piano. Cela poussait à être créatif. Par ailleurs, ce n’est pas un style où la puissance du piano peut être utilisée. Tout se fait dans une dynamique de jeu contenue dont il fallait trouver les belles couleurs. C’était un joli défi.

Louis, après la série de concerts avec vos enfants et Tout ce qu’on veut dans la vie (2020) très entraînant, d’où est venu votre désir d’enregistrer dans un registre épuré ?
LC :
C’est intéressant de revisiter ces chansons un peu emblématiques d’une autre manière. Cela ne m’intéressait pas de faire un best of et je savais qu’avec Yvan, cela serait très original. Il ne se contente pas d’accompagner. On passe d’un titre à un autre avec un son très différent.

Yvan, comment avez-vous transposé ces compositions vers le piano ?
YC :
Il n’y a pas de règle, je me suis servi de « l’arsenal » de quatre pianos. Tantôt des pianos droits, tantôt des pianos à queue, tantôt des pianos préparés, c’est-à-dire des pianos auxquels on met un feutre ou dont on fait un son de cordes, etc. Selon les chansons, parfois j’étais très fidèle à l’arpège de Louis comme sur Tout ce qu’on veut dans la vie. Pour les chansons plus rapides, aux rythmes un peu chaloupés, il fallait trouver une façon d’organiser le tempo et le groove qui ne soit pas que dans l’émotion. Louis a aussi des chansons imprégnées de l’ambiance de l’Amérique du Sud, il y est très sensible. Donc parfois pour remplacer des basses, je mettais des feutres. Cela donnait l’impression d’avoir un bassiste dans un bar, etc. On s’est amusés avec le son que nous offrent les pianos.

Yvan, on vous connaît dans un registre moins intime pour vos collaborations, notamment auprès de Johnny Hallyday ou de Mylène Farmer. Qu’est-ce qui vous a séduit ici ?
YC :
Si je fais ce métier depuis si longtemps, c’est parce j’ai une passion pour les voix, qu’elles soient pop ou classiques. J’aime m’embarquer avec une voix qui me surprend. Chaque fois, je recommence à zéro, cela fait penser les choses différemment. C’est justement ce qui est intéressant. Qu’est-ce que ça raconte ? Dans quelle esthétique ? Ce disque m’a pris plus de temps qu’un album produit avec des musiciens. On ne l’a pas fait en trois jours, c’est un orchestre de pianos.

Yvan vous avez une formation classique, Louis vous êtes autodidacte. Comment avez-vous travaillé ?
LC :
Yvan n’est pas sectaire. Il vient du classique, mais son spectre est très large. Il n’a pas peur de s’attaquer à un morceau de trois accords qui tournent en boucle.
YC : J’ai préparé un peu les chansons en amont, puis Louis a fait des voix et on a travaillé ensemble. C’est indispensable, quand on est autour de la voix. C’était l’obsession de ce projet : mettre à nu les chansons avec l’émotion.

Louis n’était-ce pas un peu frustrant d’avoir cette reconstruction musicale sans pouvoir y toucher ?
LC :
Au contraire ! J’avais l’impression d’être en vacances ! Quand on sera en concert, il va falloir que j’assure, mais le gros du travail, c’est Yvan qui l’a fait. Et il y a une telle symbiose ! Je me disais en écoutant : « si je faisais du piano, j’aurais fait ça ». Il sait vraiment se mettre dans la peau de l’autre.

Est-ce un disque que vous avez pensé en imaginant l’interpréter sur scène ?
LC :
On s’est dit assez vite qu’on ferait des concerts. Je vais me retrouver « nu » sans ma guitare et mes synthétiseurs. J’ai un peu peur, mais c’est excitant. On évolue en faisant des choses qu’on n’a jamais faites.
YC : Je suis plutôt un animal de studio, je passe beaucoup de temps à travailler chez moi. Les années passant, j’ai très envie d’aller sur scène. Et j’y jouerai de quatre pianos ! On a de l’ambition parce qu’on veut que le concert ressemble au disque.  C’est un peu un délire, quatre pianos à accorder, transporter, etc. Mais ce travail le mérite. Chaque instrument a son âme et son esthétique.

Louis Chedid et Yvan Cassar En noires et blanches (Pias) 2022

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