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Mickey 3D, humain…avant tout !

Mickey 3D, 2022. © Emilie Dansait

Il a gardé l’humour grinçant qui lui faisait dire Tu vas pas mourir de rire. Avec Nous étions des humains, Mickey 3D signe un septième album teinté de nostalgie. Toujours un peu « vexé de l’intérieur » et vent debout contre l’injustice, Mickaël Furnon continue de bricoler ses petites chansons et vise juste, plus souvent qu’à son tour. 

L’interview se déroule au lendemain de la finale de Coupe du monde perdue par la France face à l’Argentine. Au téléphone, on demande à Mickaël Furnon s’il a regardé le match et vibré aux exploits de Kylian Mbappé, auteur de trois buts qui n’auront pas suffi à l’équipe de France pour remporter pour la deuxième fois consécutive la Coupe. Même s’il a déjà avoué sa passion pour le football et en particulier, pour le club de Saint-Étienne, le chanteur est plutôt surpris. Il commente tout de même la finale de la veille. Puis, arrive dans la conversation un autre match mythique : la demi-finale de Séville en 1982, au cours de laquelle les « Bleus » de Michel Platini se sont inclinés face à la RFA, avec les péripéties que l’on sait. C’est cette partie qu’évoque Mickey 3D dans Lettre à Louison, l’une des chansons les plus émouvantes de Nous étions des humains, son septième disque.

Dans cette ballade en parlé-chanté, Mickey se souvient des vacances à la mer, de la télé au camping et des glaces à l’italienne. Il y a aussi les parents qui se saignent aux quatre veines pour payer tout ça, laissant imaginer à leurs enfants que la vie aura toujours le goût de l’insouciance. La chanson semble adressée à un amour de vacances, c’est en réalité un clin d’œil à un ami d’enfance ayant perdu son père. Racontant les étés sur la Côte d’Azur des gamins des classes populaires, le Stéphanois creuse une veine nostalgique. Celui qui est arrivé il y a 25 ans sur la scène rock française avec La France a peur et a été couronné de succès avec un Respire annonçant les préoccupations écolos de son temps, retrouve ses douze ans. Dans la France de François Mitterrand. 

Humour grinçant et déclin de l’humanité

Ce spleen d’un paradis perdu marque tout son disque. Mon pays est tombé évoque le Liban, dont la femme de Mickaël Furnon est originaire. « Je sais, mon pays s’est noyé dans la médiocrité / Mais certains s’en sont bien arrangés / Je sais, mon pays s’est vendu à quelques trous du cul / Qui l’ont karcherisé, mis à nu« .  Le constat global n’est pas franchement à l’optimisme. C’est d’ailleurs ce que confirme une chanson-titre, Nous étions des humains, dans laquelle mister Furnon expire entre les couplets. Comme si l’humanité devait à chaque fois reprendre son souffle ? « Je ne suis pas allé aussi loin dans l’écriture, corrige-t-il. Je parle surtout de notre évolution. Au départ, nous étions des nomades, qui marchaient. Tout cela a évolué et aujourd’hui, nous sommes une civilisation qui est un peu sur le déclin. C’est plus cette marche que je voyais« .

Aussi grinçant qu’il est touchant, Mickey pousse la violence jusqu’à l’absurde dans Les réseaux social (sic). Ici, un homme pousse sa cible virtuelle au suicide et « like » sa nécrologie, sans même se poser la question de sa culpabilité derrière son écran. « Quand c’est un peu violent, qu’il y a de l’ironie ou de l’humour noir, c’est beaucoup plus marquant. C’est beaucoup plus touchant, estime Mickaël Furnon. J’aimais beaucoup Coluche pour ça.  Il faisait des trucs drôles, mais qui faisaient réfléchir. Il était beaucoup plus efficace que les gens sérieux« .  Il y a beaucoup de second degré dans cette misanthropie de cour de récréation et une forme bien souvent enjouée (Je me souviens, N’achetez pas mon disque).

Des textes simples, des musiques bricolées

Sur le papier, l’écriture de Mickaël Furnon semble plutôt simple. Des mots ordinaires, des références populaires, et des petites histoires. Beaucoup de chansons sont toutefois laissées de côté. Au plan musical, Mickey a évolué du rock vers une pop bricolée. Est-ce que ces bidouillages font partie intégrante de son art ? « Ouais, répond tout de go Mickaël Furnon. C’est quelque chose auquel je tiens, qui fait partie de moi. J’ai commencé à bricoler à l’âge de 16 ans dans ma chambre, avec de vieilles chaînes hi-fi, en enregistrant sur des cassettes. J’ai eu un quatre pistes, puis un huit pistes. J’aime cette façon de travailler. Les maisons de disques me disaient : ‘Va dans un gros un studio pour faire un disque bien produit’. À chaque fois, je disais : ‘Non, je vais rester dans mon truc’. Je suis content d’avoir travaillé comme ça ». 

Imaginé en solitaire, cet album a été écrit en partie au Liban. Il a ensuite été travaillé à distance avec Thierry Bon, déjà dans l’aventure sur le disque précédent. Najah El Mahmoud semble quant à elle avoir réintégré durablement la formation de Mickey 3D, groupe d’un seul homme bien entouré. Si le dernier album remonte maintenant à sept ans, Mickaël Furnon continue avec brio cette histoire. Ce n’est certainement pas un hasard si le quinquagénaire a été sollicité par Big Flo & Oli, rappeurs dont il pourrait être le père, et avec lesquels il a réenregistré une nouvelle version de Respire en 2020. Mine de rien, son œuvre résiste plutôt bien au temps. Un peu comme Émilie, Noémie, Ophélie et les autres, des filles qui dansaient et dont il ravive le souvenir avec élégance. 
 

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