Cyrano du Grand Paris
Hésitant sur le sujet pour l’édito du jour, J’ai finalement choisi le « Grand Paris » tout court. On me dira sans doute « c’est un peu court jeune homme ». Et on pourrait dire c’est vrai pour bien des choses en somme. En variant le ton, par exemple, budgétaire : 30 milliards pour un métro… n’est-ce pas un peu cher ? Industriel : quinze mille emplois directs par an, dans la lutte contre le chômage c’est un bel élan ! Attractif : avoir des idées à défaut de pétrole, dans la compétition des grandes métropoles. Bâtisseur : quatre-vingt mille logements par an, voilà ce que, depuis Delouvrier, j’attends. Commerçant : le Grand Paris, c’est un marché, c’est des clients, des partenaires, des salariés ! Energétique : par an, neuf cent trente gigawatts, voilà qui semble bien la toise adéquate. Mobile : tant de passagers à l’heure du pic : mais c’est du jamais vu dans les transports publics ! Politique : puisque tout remonte au président, on guette son augure parfois impatiemment. Chaque loi de simplification ajoute de la complexité, on attend la prochaine avec quelque anxiété…
L’un dit le Grand Paris existe bel et bien, puisque je le préside, ce n’est pas rien… L’autre répond : mais non le Grand Paris c’est la région ! Comme Auvergne-Rhône-Alpes inclut le Grand Lyon. La troisième s’en soucierait encore davantage, si son attention n’était pas accaparée par Bolloré. Voilà ce qu’à peu près, lecteur, je vous aurais écrit, si j’osais pasticher les grandes poésies. Mais de ces rimes, attribuées sans raison, les seules qui méritent que nous les regardions sont celles des femmes et des hommes, tous les citoyens, qui font le Grand Paris comme monsieur Jourdain. Ce n’est pas un métro qui liera nos destins, et de ce territoire fera un bien commun. Dire que « le vivre ensemble » est un mot éculé, le service minimum de la citoyenneté est exact si en vivant ensemble on ne vit qu’à côté, si l’autre n’est qu’un voisin sans être mon Prochain. Notre Grand Paris ne sera un succès, que si nous parvenons à nous l’approprier. Si derrière les chiffres et les superlatifs, nous retrouvons le sens d’un rêve collectif. Malgré ses kilomètres de rails et de chantiers, ses grues, ses voies, ses routes et ses projets, au fond, le Grand Paris ne représentera rien, tant qu’il n’y aura pas de Grands Parisiens. Sur ce dernier avis, je tire ma révérence, et m’excuse auprès de Rostand par avance, pour cet emprunt de quelques bouts rimés, dont je n’ai pour excuse que quelques vers dans le Nez..
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Author: Jacques Paquier