Paris sonne la mobilisation générale contre la saleté et les incivilités
La promotion du retrait progressif des plots jaunes, ainsi que des « GBA », ces très disgracieuses glissières en béton armée posées en urgence pour créer des « coronapistes » en est l’emblème. La municipalité de Paris entend faire savoir qu’elle n’a pas attendu la campagne « #SaccageParis », dont les auteurs diffusent des photos d’un Paris dégradé sur les réseaux sociaux, « pour corriger ce qui doit l’être ».
En l’occurrence, Emmanuel Grégoire a rappelé vendredi matin que la couleur jaune des plots en plastique était imposée par les règlements de voirie pour toute signalisation provisoire. L’élu a cité les avenues de l’Opéra ou de La République, où des pistes cyclables sont désormais pérennisées grâce à un marquage au sol et des bordures en granit, pour illustrer que la ville ne reste pas inactive et veille à son embellissement. La place et le pont de la Concorde ont également retrouvé leur couleur d’origine. Et, rue de Rivoli, les plots jaunes ne seront plus qu’un mauvais souvenir dès novembre.
« De même, le mobilier urbain qui n’a pas rencontré un succès d’estime ou d’usage, va être ou est déjà retiré », a poursuivi l’élu. C’est, par exemple, le cas de bancs « mikado », composés de grossières poutres de bois, qui ont désormais disparu de la place de la République. Emmanuel Grégoire s’est félicité par ailleurs de l’ouverture d’une piste cyclable bidirectionnelle, traversant Paris du XVe arrondissement jusqu’à l’Institut du monde arabe (IMA). Des travaux de pérennisation des coronapistes sont également en cours rue du Faubourg Saint-Antoine, entre Nation et Ledru-Rollin.
17.000 arbres et 30 ha d’espaces verts
La ville a confirmé à cette occasion son intention de planter 17.000 arbres, et de créer 30 ha d’espaces verts supplémentaires au sein de la Capitale, notamment en désimperméabilisant l’espace public. Le 1er adjoint Anne Hidalgo a décrit également le dispositif mis en place pour éviter qu’un même quartier, une même rue, subissent les interventions répétées et non-coordonnées des différents opérateurs et services de la ville. Désormais, le calendrier des travaux sera pensé en amont, en concertation avec les grands opérateurs de réseaux (électricité, gaz, chauffage urbain, télécommunication), et regroupé avec l’intervention des services de la ville, liée par exemple à la création ou à la pérennisation de pistes cyclables.
Un budget de 5,5 millions d’euros, porté à 7 millions d’euros dans les zones populaires, sera affecté aux travaux d’embellissement réalisés par Paris dans chacun de ses 117 quartiers dans les 5 ans. Travaux d’embellissement dont la nature sera déterminée en concertation avec les habitants et les mairies d’arrondissement, assure-t-on.
Paris a mené, par ailleurs, une réflexion pour muscler sa lutte contre les graffitis, « fléau qui a plus avoir avec l’égotisme de leurs auteurs qu’avec l’art urbain », a estimé Emmanuel Grégoire. 650 m2 de graffitis sont effacés quotidiennement à Paris, soit 4000 interventions par semaine, qui mobilisent 1400 agents, avec un budget passé de 4 à 7 millions d’euros.
2900 kms de trottoirs nettoyés chaque jour
Le budget de « facturation » aux contrevenants, responsables du collage d’affiches de publicité sauvage, auxquels la mairie demande le remboursement des frais de nettoyage, est passé de 250.000 à 1 million d’euros, a souligné Colombe Brossel, adjointe à la maire de Paris en charge de la propreté de l’espace public, du tri et de la réduction des déchets, du recyclage et du réemploi.
5000 agents sont affectés à la collecte des déchets, tandis que 2900 km de trottoirs sont nettoyés chaque jour, ont également fait valoir les élus, alors que les promoteurs de « #SaccageParis » devait organisé un rassemblement ce dimanche. Chaque agent se charge de 4,5 km par jour. 3000 tonnes de déchets sont ainsi quotidiennement collectées, et 2000 signalements sont effectués chaque jour avec l’application « Dansmarue ». La ville mène des opérations ciblées, le week-end, intitulées « les 24h de la propreté », durant lesquelles des zones sont entièrement nettoyées. Les ponts Marie, Sully et Austerlitz viennent de faire l’objet d’un nettoyage en profondeur, candélabres compris. Enfin, la ville veut stimuler l’engagement citoyen, collectif, pour lutter contre les incivilités dans les quartiers, notamment au moyen de campagnes de communication.
Les 153 premiers policiers municipaux de Paris feront leur apparition dans les rues de la ville le 18 octobre prochain. A terme, ils seront 3400 sur les 5000 agents que comptera la direction de la police municipale et de la prévention. Un concours sera lancé prochainement pour recruter 400 policiers municipaux. « Nous allons franchir un cap en matière de régulation de l’espace public », a indiqué Emmanuel Grégoire. Les contraventions pour incivilités, ou affichages sauvages, sont passées de 68 à 135 euros, montant que la ville juge toujours très insuffisant. Une division de policiers municipaux sera affectée à chaque arrondissement. Des plans d’action seront mis en œuvre, en lien avec les services de la propreté, notamment en fonction de la fréquence des incivilités constatées. Un observatoire de la tranquillité publique rendra compte de l’action de cette police municipale, avec la production d’indicateurs hebdomadaires (nombre de verbalisations par rapport aux incivilités et par rapport aux priorités de la ville). « Une des avancées réside dans le fait que chaque policier municipal sera habilité à verbaliser à 360°, sur tous sujets, alors que jusqu’à présent, ceux qui verbalisent pour la circulation ne sont pas habilités à le faire, par exemple pour un jet de mégot », a indiqué Emmanuel Grégoire.
Emmanuel Grégoire a annoncé son intention de procéder désormais à des rencontres hebdomadaires avec la presse, pour faire le point sur l’avancement de programme de la mandature, au sein duquel figure en bonne place le « transformation de Paris », et notamment de ses espaces publics. « Avec un codicille lié à la perspective de l’organisation des Jeux Olympiques et paralympiques de 2024, qui entre en phase opérationnelle », a poursuivi le 1er adjoint d’Anne Hidalgo. Une prochaine conférence traitera du retrait des terrasses de café et de restaurant provisoires, pour lesquelles la mairie a prévu, dans le dialogue avec les professionnels, « tout un arsenal d’outils et de sanctions ».
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Author: Jacques Paquier