Ile-de-France

Antoine Valbon : un dirigeant territorial d’exception part à la retraite

Ceux qui ont côtoyé Antoine Valbon connaissent sa verve, son inlassable énergie pour défendre ses convictions et sa force de persuasion. C’est un dirigeant territorial peu banal, au regard pétillant et aux bons mots percutants, très apprécié de son entourage professionnel, qui part à la retraite, comme l’ont rappelé les multiples témoignages d’affection exprimés lors de son pot de départ, vendredi 19 novembre, au siège de Grand-Orly Seine Bièvre (Val-de-Marne).

Antoine Valbon. © Jgp

Les musiciens d’un des conservatoires de Gosb. © Jgp

« J’ai eu tout au long de ma carrière de nombreux moments de bonheur. Celui qu’on a sur une situation inextricable qu’on parvient à régler, a déclaré Antoine Valbon à cette occasion. Une décision du juge administratif qui nous donne raison. Une entreprise qui s’installe et des emplois créés. Une opération d’aménagement qui avance bien. Une école qui ouvre. Des négociations financières qui aboutissent. Un usager que vous sortez d’une situation pénible. Des appels à projets que nous signons. Des députés et des sénateurs que nous convainquons. Des collègues qui réussissent leurs concours. Mais mes plus grands moments de bonheur, à L’Ile-Saint-Denis, à Montataire, à Marseille et ici, sur le territoire du Grand-Orly Seine Bièvre, ce sont mes collègues, c’est vous les agents publics, les fonctionnaires, “les travailleurs essentiels du quotidien”, qui me faites la joie d’être présents ici en cette fin d’après-midi ! », a-t-il souligné.

« La chance d’avoir des parents communistes »

Le DGS de Grand-Orly Seine Bièvre a dit sa conviction du rôle clé de la culture : « Quel bonheur quand je vais dans les conservatoires. Discuter avec nos professeurs. Ils m’expliquent les méthodes qu’ils mettent en œuvre pour permettre aux enfants des quartiers populaires d’accéder au beau, à l’art, à la musique, à la danse. Je songe dans ces moments à ma propre enfance, à mes professeurs de piano et de clavecin, lorsque dans les communes de la banlieue rouge s’ouvraient des dizaines de conservatoires. Cela explique certainement pourquoi j’ai toujours eu une grande admiration pour nos professeurs d’enseignement artistique ».

L’ancien délégué régional de l’Association des directeurs généraux des communautés de France (ANDGCF) a dit son dépit devant le concours du candidat à la présidentielle qui supprimera le plus de postes de fonctionnaires. « Contrairement à ce que suggère la vulgate de ses détracteurs, la fonction publique n’est pas une pièce de musée mais un corps vivant dont l’adaptabilité est une des caractéristiques majeures. Nous innovons en permanence ! », a-t-il indiqué.

« J’ai eu une autre chance. Une sacrée chance. Que tout le monde n’a pas eu. Les cinéphiles m’ont déjà compris. Celle d’avoir eu des parents communistes !, a poursuivi le fils de Georges Valbon. Michel Leprêtre, président de Grand-Orly Seine Bièvre, a rappelé qui fut le père d’Antoine : « Georges Valbon était une figure politique de premier plan pendant plus de 30 ans. Ancien grand résistant, maire de Bobigny, président du département de la Seine-Saint-Denis, ami des artistes, dont le compositeur Jean Wiener, originaire de la vallée d’Aoste en Italie ».

« Impossible d’évoquer tout l’héritage, toutes les valeurs qu’ils m’ont léguées, a repris le DGS en évoquant ses parents. Elles m’ont imprégné, elles m’ont construit. J’en citerai néanmoins quelques-unes : celle que je ressens devant l’injustice. Je ne la supporte pas. Pour les autres et pour moi-même. Je souffre devant la misère, pour celle et celui qui perd son emploi, pour l’enfant qui n’est jamais parti en vacances, pour la femme violentée, pour le réfugié qui meurt au fond de la Méditerranée. Et cette souffrance me donne de la haine pour cette poignée de multimilliardaires qui décident du sort de milliards d’êtres humains et qui tuent la planète ».

Humanisme et bienveillance

En introduction de son discours, Michel Leprêtre a évoqué « l’amitié profonde » et « l’émotion personnelle » qu’il ressentait. « Si j’ai mon expérience politique, c’est beaucoup grâce à Antoine que j’ai appris à être président de notre EPT », a-t-il poursuivi. Le président de Grand Orly Seine Bièvre a loué à la fois l’exigence, le goût de l’innovation et l’humanisme de son DGS. Sa combativité aussi, face aux épreuves et à la maladie.

L’élu a rappelé le combat d’Antoine Valbon en faveur d’Angela Davis (*), « qui a été une première bataille du jeune communiste que tu étais. Tu as participé à toutes les manifestations pour la sauver de la peine de mort et la faire libérer des geôles américaines ». Il a retracé la carrière du dirigeant territorial, de la Ciotat à Grand-Orly Seine Bièvre, en passant par Montataire et Marseille.

Antoine Valbon, entouré de son épouse, du président de Grand-Orly Seine Bièvre Michel Leprêtre et de sa fille. © Jgp

« Tes actions sont l’auto-dictionnaire de tes engagements comme de tes lectures, a poursuivi le président de Gosb. Je l’ai dit, tu as toujours été un engagé ; engagé syndicalement à l’UNEF dont tu fus trésorier national après Christophe Prud’homme et avant Patrice Leclerc, puis à la CGT cadres, engagé politiquement aux cotés des communistes, engagé avec le Secours populaire français, engagé pour une autre métropole à Marseille ou à Paris. Tu as pour toi un carrefour d’influences qui font ce que tu es. C’est d’ailleurs pour cela qu’outre tes qualités de DG, tu es très respecté y compris sur les bancs de droite ou du centre. Jamais tu n’as caché tes engagements, bien au contraire tu en as une certaine fierté ».

Michel Leprêtre a rendu hommage à la fidélité de son premier collaborateur, évoquant « un soutien sans faille ». « II va jusqu’au bout de la réussite avec vous et pour vous. On a aussi de la chance car on se dit qu’il nous démontre que oui, on peut être un cadre sup et vivre avec les autres, attentif aux autres, à égalité, à parité. Il voit les choses en grand et il les accomplit. Aucune haine, aucune hargne, de la bienveillance, de l’humanité, un respect profond pour les autres. Rien n’a pu lui faire plus plaisir que de recevoir une plaque des agents de la voirie “Rue du Service public merci monsieur Valbon”, a conclu le président du Territoire. C’est son moteur, l’optimisme dans les autres, qui le lui rendent bien ».

 

* Angela Davis, militante, professeure de philosophie et écrivaine américaine fut une des pionnières de la lutte contre le racisme aux Etats-Unis. Elle échappa de peu à la peine de mort en 1972.

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Author: Jacques Paquier