Ile-de-France

Les Franciliens, mauvais élèves du tri

Quatre bouteilles en verre sur dix ne sont pas recyclées, moins d’un tiers des recyclables (hors verre) sont triés et plus de 95 % des déchets alimentaires jetés sont enfouis ou incinérés : ces quelques chiffres implacables, mis en exergue par l’Observatoire régional des déchets (Ordif), en disent long sur le décalage existant entre les ambitions visant à rendre la région Capitale exemplaire en matière d’économie circulaire et la bien plus prosaïque réalité.

Car « le taux de recyclage des déchets ménagers et assimilés (DMA) atteint à peine la moitié du taux national et n’augmente presque plus depuis 2010 », constate l’Ordif dans la note rapide publiée le 6 janvier 2022, qui poursuit : « dans ce contexte, l’atteinte des objectifs nationaux et régionaux de recyclage s’annonce particulièrement difficile dans le cadre de l’organisation actuelle du service public des déchets ».

Seulement 22 % des déchets recyclés

Et, de fait, tout juste un peu plus d’un cinquième des DMA – 22 % précisément – étaient recyclés en 2018, alors que l’objectif pour 2020, fixé par l’Europe et transposé en droit français, s’élevait à 50 %, pour grimper ensuite à 55 % en 2025, 60 % en 2030 et 65 % en 2035.

Le bilan n’est pas plus flatteur si l’on compare les déchets confiés à la collecte sélective (bac jaune) avec les mêmes déchets recyclables qui restent dans le flux d’ordures ménagères dites résiduelles (poubelle grise) : seulement 37,2 % des papiers et emballages reyclables sont triés à la source par les foyers franciliens ! Même le verre, qui fait l’objet de la collecte sélective la plus ancienne, n’est que six fois sur dix jeté dans les conteneurs dédiés !

Le centre de tri du Syctom à Paris (17e arr.). © Jgp

Les performances sont cependant très différentes selon les collectivités. Ainsi, les territoires où l’habitat individuel est prépondérant affichent souvent des taux de recyclage supérieurs : les déchets verts, compostés après collecte, y sont plus importants que dans les zones d’habitat collectif dense. Mais même si l’on se limite au recyclage des matériaux – hors déchets verts donc -, les taux de recyclage varient de un à presque trois.

Des variations locales importantes

La différence semble imputable, note l’Ordif, à des organisations différentes de la gestion des déchets occasionnels, notamment en déchèterie. Ainsi, en grande couronne, les collectivités couvertes par le syndicat Azur (Val d’Oise) affichent un taux de recyclage de moins de 10 % contre environ 22-23 % pour celles desservies, dans les Yvelines, par le Syctom ou, dans les Yvelines et l’Essonne, par le Sitreva.

Sur le territoire de la métropole du Grand Paris – où les tonnages en déchèterie n’ont pas été pris en compte par l’Ordif –, les taux de recyclage varient entre 8 % environ à Plaine Commune (Seine-Saint-Denis) et 20 % pour Vallée Sud Grand Paris (Hauts-de-Seine) et Paris Est Marne et Bois (Val-de-Marne). Paris affiche un taux de 17 %.

En l’absence de tri, les ordures ménagères sont généralement incinérées. Ici, l’unité de valorisation énergétique du Syctom, à Ivry-sur-Seine, actuellement en plein travaux. © Jgp

Un facteur semble jouer de façon déterminante dans l’incitation au tri : la tarification sélective, ou le fait de facturer l’usager en fonction des déchets qu’il produit, notamment du volume de ses ordures résiduelles (poubelle grise). Ainsi, note l’Ordif, les collectivités de l’Essonne ayant mis en place une tarification incitative présentent un ratio de collecte sélective supérieur de plus d’un tiers par rapport aux autres collectivités du département : 93,2 kg par habitant et par an au lieu de 67,9 kg.

Des résultats qui pourraient inspirer d’autres territoires, d’autant que le défi du tri à la source va s’intensifier. Dès 2024 en effet, il deviendra obligatoire de séparer du reste de ses déchets les biodéchets. Or ceux-ci représentent environ un tiers des déchets ménagers ! Sans changement organisationnel ou campagne massive de sensibilisation, l’on voit mal en effet comment les performances franciliennes pourraient rapidement s’améliorer.

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Author: Catherine Bernard